Rachats d’actions : face aux excès des marchés, une régulation encore trop timide

L’actualité du monde contemporain ne manque pas de sujets majeurs pour lesquels l’opinion publique attend des responsables économiques et politiques des décisions concrètes et susceptibles de contribuer à améliorer la situation. Parmi ces nombreux thèmes d’actualité, nous souhaitons mettre l’accent sur les rachats d’actions d’une firme par elle-même, opérations apparemment techniques et peu connues du public. Pourtant, ces dernières méritent d’être étudiées dans les comportements qu’elles révèlent et leur portée économique.

Depuis de nombreuses années, ces opérations, autrefois rares, voire interdites, sont devenues très fréquentes. Ces rachats d’actions modifient en effet d’une manière significative le fonctionnement des marchés financiers car elles peuvent s’apparenter à une manipulation des cours de bourse.




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La vague inquiétante des rachats d’actions sur les bourses américaines


En 2019, nous avions déjà attiré l’attention sur cette vague inquiétante sur les bourses américaines. Depuis, cette vague s’est maintenue, portée par les politiques monétaires « accommodantes » (quantitative easing, ou QE, en Europe, et zero interest rate policy, ou ZIRP, aux États-Unis) facilitant le recours au crédit et amplifiée, aux États-Unis, par les mesures fiscales prises sous la présidence de Donald Trump pour inciter les firmes multinationales américaines à rapatrier les avoirs liquides placés à l’étranger.

Montant des rachats d’actions en flux annuel pour le S&P 500.
Yardeni.com

Fin 2021, les montants de ces rachats d’actions ont même dépassé la barre des 1 000 milliards de dollars en flux annuel pour le seul S&P 500, l’index boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées. Ces flux annuels sont devenus plus volumineux que ceux des dividendes versés. À titre d’exemple, Apple a effectué, en 2021, 85,5 milliards dollars de rachats d’actions pour 14,5 de dividendes. Sur les dix dernières années, le montant total des share buybacks de la firme de Cupertino s’élève à 567 milliards de dollars. Certaines années, le total des flux de dividendes et de rachats d’actions fut même supérieur aux flux d’émission de nouvelles actions, inversant ainsi la fonction de financement des marchés financiers.

Une tendance qui gagne l’Europe

Dans d’autres régions du monde, ces opérations sont moins gigantesques mais commencent à devenir significatives. Le 1er septembre dernier, le journal Les Échos écrivait ainsi : « les grandes entreprises européennes se sont massivement tournées vers les rachats d’actions depuis la pandémie. Ils ont triplé en un an pour atteindre 70 milliards euros au premier semestre en Europe, dont 15 milliards en France ».

Ainsi, le groupe Total Energies, a engagé un nouveau plan de…

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Auteur: Elisabeth Walliser, Directrice de l’IAE de Nice, Groupe de Recherche en Management (GRM), Université Côte d’Azur