Rachel Khan, une et plurielle

Toute récente récipiendaire du Prix du livre politique 2021, l’actrice et écrivaine Rachel Khan témoigne de son expérience de femme métisse aux identités multiples. Dans Racée, un ouvrage paru en mars aux éditions de l’Observatoire, elle oppose le volontarisme à la victimisation, l’émancipation individuelle à l’assignation forcée.

Qui parcourt le dernier essai de Rachel Khan, bref mais riche, goûte d’emblée le brio de la plume et les références littéraires puisées, principalement, dans l’œuvre de Romain Gary. Entre le génial auteur de La Vie devant soi et l’essayiste engagée, existe davantage qu’une sensibilité commune ou l’amour de la langue française. À l’image de celui qui naquit Roman Kacew, Rachel Khan (R.K. elle-aussi…) a construit sa personnalité à partir la conjugaison de ses identités, sans les opposer ni même les regarder comme contradictoires. Dans son arbre généalogique se croisent l’émigré gambien, le polonais ashkénaze, les traditions chrétiennes et musulmanes et même un fond d’animisme ancestral… Irréductible à une identité unique, Rachel Khan s’assume racée pour mieux se refuser racisée. Ce faisant, elle rappelle que le combat anti-raciste s’égare lorsqu’il confronte plutôt que de réunir.

Plutôt Luther King que Malcom X

Prendre parti. Choisir son camp. Protéger son clan. Se conformer aux modèles… Ainsi va l’époque où l’individu est sommé de représenter ce qu’on attend de lui. Il ne pourra être reproché à Rachel Khan d’avoir, avec cohérence, toujours combattu les mots d’ordre et les stéréotypes. Jeune actrice, elle a milité pour qu’à l’écran, les femmes « issues de la diversité », comme le veut la formule consacrée qui ne lui plait guère, ne soient pas réduites à incarner les minorités ethniques de France avec tous les clichés qui leur sont assignés. Ce combat égalitaire, elle le porte aujourd’hui encore en refusant de marcher dans les pas de ceux qui se désignent comme des « Indigénistes ».

Ses origines entremêlées rendent complexe son héritage, qu’il soit génétique, spirituel ou éthique. Difficile pour Rachel Khan ne pas se sentir à l’étroit dans les cases identitaires bricolées par le ressentiment et les théories sociologiques douteuses. « Très logiquement, mon ‘‘safe space’’ est une zone de mélange, pas une zone d’exclusion » écrit-elle pour justifier le désaccord fondamental qui l’a éloignée du collectif DiasporAct, qu’elle avait contribué…

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Auteur: Pierre-Henri Paulet