Racisme et violence d'État au Venezuela

Cette violence d’État affecte tout particulièrement les secteurs juvéniles les plus pauvres et les moins « blancs » des quartiers populaires, dans un pays où le racisme repose sur des hiérarchies plus complexes et labiles qu’ailleurs et apparaît comme un phénomène latent et non problématisé par la société et les acteurs politiques. Nous avons interrogé à ce sujet Keymer Ávila, professeur de criminologie et chercheur à l’Institut des sciences criminologiques de l’Université centrale du Venezuela, et l’un des principaux spécialistes et critiques de la violence institutionnelle et du système pénal contemporains au Venezuela. »

Quelles formes prend l’oppression raciale au Venezuela ? Quels sont les groupes qui sont confrontés à une discrimination raciale systématique ?La première chose que je dois préciser, c’est que mon domaine de recherche ne concerne pas spécifiquement la question raciale mais plutôt la violence institutionnelle, plus précisément celle du système pénal. C’est dans la mesure où les systèmes pénaux se caractérisent par leur caractère sélectif, classiste, raciste et xénophobe que je peux me permettre d’aborder la question raciale. D’une manière très générale, ce que je peux vous dire, c’est qu’au Venezuela, le racisme est un problème qui n’est ni avoué ni assumé ; c’est pratiquement un sujet tabou. Il s’agit plutôt d’un racisme symbolique, culturel, latent, qu’on présente parfois sous un jour esthétique ou humoristique presque sympathique, et qui recouvre une foule de préjugés ainsi que des formes subtiles et indirectes d’oppression, de discrimination, de stigmatisation et d’exclusion. Cela va de la simple non-reconnaissance ou dissimulation par certaines personnes de leur propre ascendance africaine ou indigène jusqu’à des formes d’autodiscrimination….

Auteur : lundimatin
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