Et si nous sortions de notre torpeur de spectateur face au désastre du monde pour devenir les acteurs ludiques de son désemboîtement ? Et, plutôt que de les laisser se jouer de nous, si nous nous mettions à gagner des parties contre les winners de tout poil qui saccagent nos vies et le vivant ? Et si, en bonnes fées anarchistes, nous volions les voleur.euse.s, les enrichi.e.s du système pour pratiquer l’entraide radicale, faisant ironiquement vivre à travers le kleptomunisme la théorie du ruissellement ? Texte hybride, foisonnant et décapant, mêlant le faux et le vrai, le théorique et le trivial, des références et des citations apocryphes, Hyperjeu peut se lire comme un manifeste de politique fiction déroulant/inventant/rêvant un programme de lutte ludique et affective à l’échelle de nos existences confrontées au ludespace mondialisé du capitalisme tardif. Dans la ligne situationniste, il s’agit pour son auteur, le collectif La Faction, d’affirmer « qu’une force dionysiaque comme le Jeu demeure la plus puissante et la plus belle promesse que notre tradition peut encore usiner d’à peu près désirable ».
A l’opposé du révolutionnaire, la fée troque la grande histoire pour la petite.
Banditisme féérique
Le canapé constitue le principal lieu du dressage de masse.
Karl Bjorg
L’entraide est un antijeu, une branche tolérée de la triche, en ceci qu’elle contrevient aux règles élémentaires du capitalisme entendu comme mise en concurrence des êtres.
Mathieu Triclot
« On doit entrer dans un livre comme dans une armurerie ». Placée en exergue, cette citation de Deleuze situe d’emblée le ton et l’enjeu d’ Hyperjeu : un appel guerrier et joyeux à jouer contre le système mais pour le battre par tous les moyens, y compris et surtout la tricherie, sur son propre terrain, celui du Spectacle dans lequel il nous nasse. Le prologue souligne avec force le lien qui unit le jeu et le pouvoir :…
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Auteur: dev