Ralentir ou périr, l’économie de la décroissance

Deux ans après notre première interview sur la décroissance, Timothée Parrique revient avec son premier livre  Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance. Deux années pendant lesquelles l’idée a fait du chemin, non sans embûches.

« Ralentir ou périr », pourquoi ce titre ?

Si les rapports du GIEC avait des titres, celui du 2022 aurait très bien pu s’appeler Ralentir ou périr. Les chiffres sont cauchemardesques et le consensus scientifique inébranlable. Ce que nous avons essayé de faire jusqu’à aujourd’hui n’a pas suffi ; il va falloir faire autre chose – et vite. J’espère que ce titre servira d’électrochoc pour réveiller un débat public qui n’a pas encore saisi l’ampleur du défi qui nous attend.

Si on entend beaucoup parler de décroissance, il est rare qu’elle soit définie correctement. Peut-être pourrions-nous commencer par cela : qu’est-ce que la décroissance ?

La décroissance, c’est beaucoup de choses à la fois : une stratégie de transition, une mosaïque de pratiques, un courant de pensée, une théorie critique, et un domaine d’étude. En tant que phénomène concret, c’est une « réduction de la production et de la consommation pour alléger l’empreinte écologique planifiée démocratiquement dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être ».

Crédit : Hans Lucas via AFP

On peut donc déjà faire la différence entre une économie en décroissance (un phénomène macroéconomique : l’abaissement des niveaux de production et de consommation) et une économie de la décroissance (les valeurs et principes – autonomie, sollicitude, suffisance, sobriété, anticapitalisme, convivialité, etc. – associés à la décroissance comme paradigme). Dans la littérature spécialisée, la décroissance, c’est ces deux choses à la fois : un mouvement concret visant à ralentir l’économie et une transformation institutionnelle ayant pour objectif d’accompagner ce mouvement.

Décroissance jusqu’où ? Pour tout le monde ?

La décroissance est un réajustement de la taille de l’économie en fonction de la capacité de charge des écosystèmes. On regarde à quel point on a dépassé les limites planétaires, et on réajuste à la baisse jusqu’à ce que le métabolisme biophysique de notre économie atteigne une taille qui soit soutenable. La « théorie du donut » de Kate Raworth donne une bonne représentation visuelle de ce retour à l’équilibre : il faut ramener tout ce qui dépasse en rouge dans la zone verte. On pourra sûrement atténuer…

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Auteur: Bon Pote