Rapport Meadows : pourquoi les alertes de 1972 ont été ignorées par les chercheurs en management ?

En octobre 1972, le Club de Rome, groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des fonctionnaires et des dirigeants d’entreprises, publiait le célèbre rapport Meadows qui alertait les dirigeants sur le caractère non durable des stratégies poursuivies par les entreprises occidentales.

Ce rapport s’appuyait sur les travaux réalisés par Jay Forrester, alors professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) avec l’aide de ses collègues Donella et Dennis Meadows. La démarche de prospective développée par l’équipe du MIT s’articule autour de cinq variables principales : la population, la production industrielle, la production agricole, les ressources naturelles et la pollution. La conclusion des auteurs est sans appel car :

« Si les tendances actuelles de croissance de la population mondiale, de l’industrialisation, de la pollution, de la production alimentaire et de l’épuisement des ressources se poursuivent sans changement, des limites seront atteintes au cours des cent prochaines années. Et en découlera vraisemblablement le déclin, rapide et incontrôlable, de la population et de la production industrielle. »

Commandité par des dirigeants et destiné à éclairer la prise de décision, on aurait pu s’attendre à ce que le rapport Meadows impacte le champ académique du management et en particulier les travaux en stratégie d’entreprise. Or, les alertes ont été globalement ignorées. Deux raisons complémentaires peuvent expliquer ce rendez-vous manqué.

Dérive académique

Tout d’abord, la conjoncture économique des années 1970 va conduire à recentrer le monde académique sur des objectifs stratégiques de performance économique et non de développement durable. Ce qui fait alors problème n’est pas la pollution et les risques d’effondrement mais bien la situation économique qui se dégrade dangereusement.

En effet, le choc pétrolier de 1973 et la crise économique qui s’ensuivit a marginalisé les analyses du rapport Meadows.

L’urgence de la situation à court terme et la crise énergétique ont relégué au second plan les analyses de fond du rapport Meadows qui propose une prospective à l’échelle du siècle. L’internationalisation et la financiarisation de l’économie l’emporteront très largement sur les hypothèses du Club de Rome d’une fin du monde économique sous l’effet d’une croissance non maitrisée.

Soucieux d’être utiles aux dirigeants,…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Guillaume Carton, Professeur associé en Stratégie, EM Lyon Business School