Rareté, récence et réticence : sur la médiatisation de la « délinquance environnementale »

Acrimed — On sait que le traitement médiatique de la question environnementale en général « n’est pas à la hauteur des enjeux », comme l’exprimaient par exemple des associations de journalistes spécialisés en janvier. Dans le premier chapitre de Qu’est-ce que le crime environnemental ?, tu t’intéresses à l’un des aspects de cette question. Et le premier constat que tu fais, quelle que soit l’acception du concept de « crime environnemental » (à grands traits : une acception juridique qui prend en compte les atteintes illégales à l’environnement vs une acception sociologique qui inclut aussi certaines atteintes légales), c’est celui de la « rareté des sujets qui sont consacrés » au « thème de la délinquance ou de la criminalité environnementale au cours des dernières décennies ». Peux-tu présenter ta méthode de comptage et l’idée qui la guide ?

Grégory Salle — À vrai dire, ce comptage est fait lui aussi « à grands traits » ! Dans le cadre de cet essai, je me suis contenté de présenter les grandes lignes, de donner des ordres de grandeur, qui restent à affiner. L’idée de départ, c’était de vérifier l’impression selon laquelle des notions comme « délinquance écologique » ou « criminalité environnementale » n’avaient pas réussi à s’imposer dans le débat public, en tout cas qu’elles n’étaient pas d’usage courant ou régulier dans le discours médiatique. A priori leur « potentiel de succès » ne paraît pas mince… Et il y a bien des termes qui, en quelques années, deviennent quasiment incontournables, pour le meilleur et pour le pire (« résilience »…). Pourquoi donc cet insuccès ?

La méthode est classique : il s’agit de constituer et d’exploiter un corpus, c’est-à-dire un ensemble de textes établi systématiquement à partir de critères déterminés. Trois corpus en l’occurrence : un pour la presse écrite, un autre pour la radio et un dernier pour la télévision. Pour la presse écrite, c’est devenu assez facile, car il existe des bases de données spécialisées donnant accès au contenu des principaux titres. On peut donc constituer des corpus à partir de mots-clés, comme « délinquance écologique », « crimes environnementaux » ou « écocriminalité ». Il y a évidemment des limites, notamment l’accès réduit à certains supports dominés dans le — et situés à gauche du — champ journalistique, alors même qu’ils sont en général en pointe sur le sujet. Tout dépend évidemment…

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Auteur: Grégory Salle, Maxime Friot Acrimed