Rattachements

Nos amies de Contrepoints, depuis le Québec, nous ont transmis cet essai sur ce qu’elles appellent une « écologie de la présence ». L’enjeu est de renvoyer dos à dos une écologie individuelle (celle des petits gestes du quotidien ou celle du sacrifice activiste) et une écologie gouvernementale (celle des quotas, de la transition écologique et des taxes carbones) pour établir une autre voie. L’idée consiste à ne pas partir du problème de « l’urgence climatique » afin de ne pas tomber dans les éternelles « solutions » dont on s’aperçoit toujours en fin de comtpe qu’elles font partie du problème. Et d’assumer alors un risque : « nous préférons l’éventualité d’une crise climatique bien sentie, qui déborde les dispositifs d’État et qui impose une reconfiguration de la vie, la création de lien, la remise en question de nos manières de faire, à celle d’une extinc­tion de masse si bien gérée qu’elle passe inaperçue. À devoir choisir, nous préfé­rons la ruine de la métropole globale à la résilience poten­tielle de son virage vert. »

I.

L’éco-anxiété serait le mal de notre généra­tion. Quand les flux d’informations catas­trophistes sur les changements climatiques entrent en dissonance avec l’impression que ce monde est impossible à changer, on part en vrille. On se prend d’obsession pour tout ce qui est assez près de nous pour être sous notre contrôle : zéro déchet, véganisme, transport en commun pour les pauvres, voitures électriques pour les riches, ruelles vertes pour les bons citoyens, marche pour le climat, car il nous faut agir ensemble, en tant que société.

Nous assistons ici à un détournement de grande ampleur. Notre souci pour le monde est transformé en pathologie et notre envie de le changer en propositions impuissantes. La force des échappatoires qui nous sont pro­posées émane du fait que nous nous savons lié-es au reste du vivant. Que nous sommes habité-es par la préoccupation de ne pas détruire ce qui est sacré, par l’envie de vivre ailleurs qu’au milieu d’une mer de béton à bouffer des légumes OGM et de la viande d’abattoirs industriels. Elles détournent l’au­thenticité de notre sensibilité, le sentiment qui nous traverse nous disant d’agir, de trou­ver des manières de vivre qui ne détruisent pas ce qui vit mais qui génèrent plus de vie.

LA CRITIQUE TRÈS EN VOGUE à gauche, qui veut que les actions indi­viduelles soient inutiles et que notre seule piste se situe au niveau de l’action des…

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Auteur: stage