Récit pittoresque d'un an de campagne à gauche

Il est 20 heures, dimanche 10 avril. Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle viennent de tomber, emportant avec eux le brin d’espoir qui demeurait dans le cœur des partisans de gauche. Pour la deuxième fois, le président sortant, Emmanuel Macron affrontera la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, lors du second tour. Pour la deuxième fois aussi, Jean-Luc Mélenchon, désormais seule force vive à gauche de l’échiquier politique, doit se contenter de la troisième marche du podium.

L’orage à peine passé, vient le temps des mathématiques. Il ne manquait au tribun insoumis que 421 420 voix pour couper l’herbe sous le pied à la candidate du Rassemblement national… Autrement dit, 1,1 % des suffrages exprimés. Naturellement, les regards se tournent alors vers les 1,7 % d’Anne Hidalgo (Parti socialiste), les 2,3 % de Fabien Roussel (Parti communiste) ou encore les 4,6 % de Yannick Jadot (Europe Écologie-Les Verts). Un gâchis diront ceux qui militaient pour une grande union. Derrière les visages marqués par la lassitude trotte désormais une seule question : comment en est-on arrivé là… encore ?

Le non-rassemblement du printemps 2021

Un an avant ce funeste dimanche d’avril 2022, des signes semblaient indiquer que les élites politiques de gauche avaient tiré des leçons de 2017. Autour d’une grande table ovale, dans un hôtel parisien bordant le canal de l’Ourcq, socialistes, communistes, insoumis et écologistes avaient débattu trois heures durant, laissant espérer une alliance. « Aujourd’hui est le début d’un travail en commun, pas une fin », avait glissé aux journalistes le député EELV, Matthieu Orphelin, à la fin de la réunion.

Un pacte de « respect mutuel » conclu, la vingtaine de responsables présents s’était finalement donné rendez-vous au mois de mai, pour de plus amples concertations. En vain, elles n’ont rien donné : le 4 septembre 2021, Arnaud Montebourg présenta sa candidature à l’élection présidentielle, suivi huit jours plus tard par la maire de Paris, Anne Hidalgo. Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel maintinrent les leurs, annoncées de longs mois auparavant. De son côté, Europe Écologie-Les Verts organisa sa primaire…

Pragmatisme ou radicalité, la primaire écologiste tranche

Cinq candidats étaient en lice dans cet épisode électoral automnal. Sandrine Rousseau, l’écoféministe qui dérange. Éric Piolle, maire de Grenoble au rêve présidentiel. Delphine Batho, candidate de la décroissance. Yannick Jadot et son…

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Auteur: Emmanuel Clévenot (Reporterre) Reporterre