Recyclés ? Nos déchets plastiques finissent surtout à l'étranger

Vous lisez la troisième partie de l’enquête Brûlés, enfouis, recyclés… Que faire des déchets ? La première est ici, la deuxième ici, et la dernière sera publiée demain.


Dans une chaleur estivale écrasante, Nathalie Gontard s’active dans son bureau situé au quatrième étage d’un bâtiment de l’université de Montpellier. Le volet du store ne fonctionne plus. Le soleil cogne sans interruption. Voilà des semaines que la chercheuse a laissé s’entasser une pile de revues scientifiques sur sa table de travail. En ce vendredi soir, elle décide de faire un petit ménage d’avant-weekend. Elle déchire un à un les emballages plastiques des revues, qui s’entassent à ses pieds. Soudain, la chercheuse ressent un picotement au niveau de la gorge. Sa respiration se fait difficile. Sans avertissement, l’air semble s’être épaissi. Ses poumons sont en feu. Elle s’écroule. Elle parvient à s’extirper dans le couloir. Et reprends peu à peu sa respiration, les bronches irritées et les yeux injectés de sang.

Qu’a-t-il bien pu se passer ? Sous l’effet de la chaleur, les emballages plastiques se sont désagrégés en minuscules particules suspendues. En quelques minutes, elles ont saturé l’air et pénétré les poumons de la chercheuse.

Pour cette directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), cet événement survenu il y a plus de vingt ans a constitué un tournant. Au fil de sa carrière, cette spécialiste reconnue des emballages, polymères et aliments a vu le plastique envahir notre vie, jusque dans notre sang. « Nous sommes intoxiqués par notre addiction au plastique. On a nous-même créé cette monstruosité qui menace aujourd’hui notre santé et notre environnement », détaille l’autrice de Plastique, le grand emballement (Stock, 2020).

« La moitié des emballages plastiques finit dans la nature »

Face à l’explosion de ces déchets, le tri et le recyclage se sont peu à peu imposés pour les particuliers comme pour les entreprises à partir des années 1990. Aujourd’hui, tous les industriels communiquent sur leurs plans de recyclage et promettent de réduire leurs déchets. Les emballages carton et papiers sont globalement bien recyclés (68 % en 2021). Quant aux emballages plastiques, seuls 28 % d’entre eux le sont. « La moitié va finir dans des décharges et l’autre dans la nature », soupire Delphine Lévi-Alvarès. « C’est le seul matériau qui persiste pendant des millénaires dans la…

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Auteur: Marius Rivière Reporterre