Réduction des émissions de CO₂ : les trois limites des engagements des entreprises

Les engagements des entreprises en matière de réduction des émissions de CO2 des sept économies les plus avancées au monde sont actuellement sur une trajectoire d’une hausse des températures de 2,7 °C d’ici la fin du siècle. C’est ce qui ressort des derniers travaux de l’organisme à but non lucratif britannique CDP ( ex Carbon Disclosure Project) portant sur 4000 sociétés. On est donc loin des engagements de l’accord de Paris de limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C.

Comment l’expliquer ? Nous notons trois limites fondamentales.

Réduction en intensité versus réduction en absolu

La première limite concerne la mesure des engagements de réduction des émissions de CO2. Cette réduction peut être en intensité ou en absolu. Un engagement en intensité est mesuré en tonne de CO2 émise par unité produite ou par chiffre d’affaires. Avec cette mesure, si la production augmente, les émissions vont augmenter en absolu et non diminuer. À l’inverse, dans un engagement en absolu, quelle que soit l’évolution de la production, la cible reste fixe.

Quand le monde fonce « vers l’enfer climatique, avec le pied sur l’accélérateur », comme l’alertait fin 2022 le Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, la finalité n’est pas une moindre hausse du dommage environnemental. C’est la quantité totale des émissions de CO2 en valeur absolue qui importe : le flux annuel des émissions doit diminuer et non augmenter moins rapidement.

« Le monde fonce vers l’enfer climatique, avec le pied sur l’accélérateur », Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations unies (novembre 2022).

Il ressort de nos travaux en cours que les entreprises rechignent à s’engager en absolu. Elles craignent que pour atteindre l’objectif il faille diminuer leur croissance, a fortiori leur performance. En France, pour les entreprises du CAC 40, par exemple, nous observons que seuls 12,5 % s’engagent à réduire la totalité de leurs émissions en absolu.

Pour autant, il est possible pour une entreprise de réduire significativement ses émissions de CO2 en absolu sans obérer sa performance. La clé réside dans la transformation de son modèle économique vers l’économie circulaire (basée sur une boucle durable de Re-conception, Réduction, Réemploi, Recyclage) mais aussi vers…

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Auteur: Natacha Tréhan, Maître de Conférences en Management des Achats. Spécialisation dans la décarbonation des supply-chains, Grenoble IAE Graduate School of Management