Réduire la population en se fondant sur les droits humains, c'est possible

Vous lisez l’enquête « Trop d’humains sur Terre ? Le défi du siècle ». La partie 1 est ici, la partie 2 est là, la partie 3 ici.


Il faut faire une « grève des ventres » et cesser le « lapinisme phallocratique », lançait, avec sa verve habituelle, la militante écoféministe Françoise d’Eaubonne dans le Féminisme ou la mort. C’était dans les années 1970. « La démographie a constitué le premier argument central pour faire le lien entre écologie et féminisme, dit Jeanne Burgart dans Le Nouveau magazine littéraire. À l’époque, les écologistes s’inquiètent de la surpopulation galopante, cette « bombe P » (comme population) qui menace d’épuiser les ressources naturelles ; les féministes revendiquent le droit des femmes à maîtriser librement leur pouvoir reproductif par la contraception et l’avortement : la question démographique est donc à la charnière de ces deux mouvements. »

La Bombe P, c’est le titre du livre de Paul et Anne H. Ehrlich qui a popularisé cette idée. Il préconisait des mesures incitatives et coercitives pour contrôler la population. Et partout dans le monde, des États ont effectivement tenté de limiter le nombre de naissances. Pas par nécessité écologique, mais par volonté de développement économique, selon la théorie malthusienne. La Chine, qui a mis en place la politique de l’enfant unique pendant trente-cinq ans, assure qu’environ 400 millions de naissances ont ainsi été évitées et que cela a nourri le développement économique du pays.

Affichage promouvant la politique de l’enfant unique en Chine, photographiée en 2013. CC BY-SA 3.0 / Clpro2 / Wikimedia Commons

Las, ce sont souvent les femmes racisées ou pauvres qui sont visées. Au début des années 1970, l’État français a ainsi mis en œuvre une politique d’avortement et stérilisation des femmes réunionnaises, comme le raconte la politologue féministe Françoise Vergès dans Le ventre des femmes (Albin Michel, 2017). Qui dénonce le cliché de la « sexualité tropicale débridée et infantile qu’il fallait discipliner et gérer ». Les Ouïghours, une communauté musulmane du Xinjiang, sont aujourd’hui victimes d’une campagne de stérilisation massive des femmes orchestrée par la Chine. Au XXᵉ siècle, des lois permettant la stérilisation des « inaptes », aux États-Unis ou en Allemagne par exemple, ont vu le jour.

Au niveau transnational, une pression à la diminution des naissances a été exercée par les pays riches envers les pays pauvres. « Toute une…

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Auteur: Laure Noualhat Reporterre