Réenchanter le monde

Ce lundi, nous vous proposons un extrait de Réenchanter le monde. Ce recueil de textes inédits en français, traduit de l’anglais par Noémie Grunenwald, poursuit les réflexions que Federici travaille depuis de nombreuses années : la critique du travail reproductif y est mobilisée afin d’expliciter les conditions historiques de l’exploitation et de la mise au travail des corps. Dans l’article reproduit ci-dessous, qui vient clore le recueil, Federici aborde ce sujet du point de vue de la critique de la technique et de l’écologie politique, en esquissant les conditions d’une politique des communs réellement émancipatrice.

Les éditions Entremonde et le café-librairie Michèle Firk organisent une série de rencontre sur l’opéraïsme et les autonomies italiennes à la Parole Errante, à Montreuil, dont le programme est à retrouver ici.

Pour l’occasion, vous pourrez retrouver Silvia Federici (en visioconférence) et Leopoldina Fortunati (en personne) le 23 novembre à 19h, au 9 rue François Debergue, à Montreuil. Elles viendront présenter leurs derniers textes publiés chez Entremonde : L’Arcane de la reproduction pour Fortunati, et Réenchanter le monde.

Réenchanter le monde : techniques, corps et construction des communs

Un siècle presque s’est écoulé depuis « La profession et la vocation de savant », où Max Weber a évoqué « [l]e destin de notre temps, avec les traits qui lui sont propres – […] surtout le désenchantement du monde », phénomène qu’il attribuait à l’intellectualisation et à la rationalisation produites par les formes modernes d’organisation sociale. Par « désenchantement », Weber entendait la dissipation du religieux et du sacré dans le monde. Mais nous pouvons également interpréter sa mise en garde dans un sens plus politique, comme une allusion à l’émergence d’un monde où notre capacité à admettre l’existence d’une logique différente de celle du développement capitaliste est chaque jour un peu plus remise en cause. Ce « blocage » a de nombreuses sources qui empêchent la misère de notre vie quotidienne d’amener une action transformative. La restructuration globale de la production a démantelé les communautés ouvrières et creusé les divisions implantées par le capitalisme dans le corps du prolétariat mondial. Mais ce qui empêche nos souffrances de générer des alternatives au capitalisme, c’est aussi le pouvoir de séduction que la technologie exerce sur nous, puisqu’elle semble nous donner des pouvoirs sans…

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Auteur: lundimatin