Réflexions critiques #1 : Si t'aimes pas, t'écoute pas…

Nous initions avec cet article une nouvelle série (dont la périodicité reste à déterminer), qui aura pour ambition de prendre un peu de recul sur notre activité de critique des médias, de s’extraire du flot médiatique qui nous impose, qu’on le veuille ou non, un rythme effréné bien fait pour empêcher toute réflexion théorique « de fond ». Tenter d’interroger les angles morts, les apories, les lacunes ou les malentendus que pourrait receler le travail que nous menons depuis 25 ans : tel est l’objectif ! Pour ce faire, nous partirons de réflexions, questions, commentaires, critiques et objections entendues lors des réunions publiques auxquelles nous participons, ou parfois dans l’espace médiatique lui-même où, faut-il le préciser, notre critique a mauvaise presse. Commençons donc cette série autour d’une objection régulièrement faite à notre activité, qui consiste à s’étonner, voire à s’offusquer qu’un rédacteur ou une rédactrice d’Acrimed passe autant de temps à lire, écouter et regarder des articles et émissions « juste pour les critiquer ». Ou plus brutalement dit : « Si vous n’aimez pas, ne consommez pas ».

Une objection en apparence frappée du coin du bon sens, mais qui a le gros inconvénient de ramener l’information au rang de simple marchandise. Or, et c’est la raison d’être d’Acrimed, nous ne pensons pas que l’information soit un bien de consommation comme un autre puisqu’elle est indispensable aux citoyens pour se forger une opinion, pour éprouver leurs convictions et finalement, prendre position de façon éclairée, que ce soit dans la sphère individuelle, ou dans la sphère collective pour l’exercice de leurs droits civiques et politiques. En ce sens, les médias sont les institutions chargées de les instruire des faits qu’ils ne peuvent pas connaître directement et la portée des informations qu’ils délivrent excède largement le simple acte de consommation individuelle d’un public atomisé. C’est ainsi que l’on peut considérer les médias en général comme des « animateurs de la démocratie » ; d’ailleurs, nombre de journalistes et de cadres de médias se prévalent de ce rôle de « pilier de la démocratie ». Cette position de médiateur des faits et données devant éclairer les prises de décision, notamment politiques, des citoyens donne à l’ensemble du système médiatique une responsabilité majeure dans les évolutions politiques et sociales.

C’est la raison pour laquelle chacune et chacun est en droit de se sentir…

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Auteur: Patrick Michel Acrimed