Réflexions sur le mouvement ouvrier et le cinéma d'horreur — Jacques FRANJU

En toute honnêteté pour le lecteur, l’auteur de cet article est un amateur de films d’horreur. Depuis l’adolescence, j’ai visionné un grand nombre d’œuvres d’épouvante [1]. La terreur, le suspense, le travail sur l’image et l’ambiance, sont des choses qui me plaisent particulièrement. Un temps je ne regardais que ça, aussi bien des vieux films expressionnistes comme Nosferatu de Murnau ou plus récent comme Ogre d’Arnaud Malherbe, avant de m’ouvrir à des œuvres aux thèmes plus divers. J’ai encore une grande pile chez moi de numéro de Mad Movies, la revue française de référence en matière de cinéma de genre, et qui me permettait d’agrandir ma liste de films bis. Mes premiers pas vers la cinéphilie se sont faits via ce biais-là. Si je cherche à comprendre pourquoi j’apprécie tant le cinéma d’horreur (alors que mon entourage familial n’en était pas forcément fan), je dirais que c’est pour trois raisons : un intérêt pour les choses étranges, dérangeantes, hors du commun ; le fait que ces histoires sont très faciles d’accès et attractives (ça compte) ; une esthétique particulière propre à ce cinéma.

Parallèlement, je me suis découvert une accointance de pensée avec le mouvement ouvrier français et international dans sa composante communiste. J’ai dévoré les ouvrages de Lénine, Marx et Rosa Luxemburg. Avec un peu de mal, j’ai compris (ou pense avoir compris) les fondamentaux de la lutte des classes, de la baisse tendancielle du taux de profit, de la dictature du prolétariat, de l’impérialisme et du centralisme démocratique. Bien sûr, le propre d’un communiste étant « d’étudier, d’étudier et encore d’étudier » [2], je ne peux pas proclamer savoir tout, mais je comprends mieux le monde, notamment grâce à l’analyse matérialiste. Et tout comme je comprends ce qui m’a intéressé dans les histoires d’horreur, je sais ce qui m’a poussé vers le communisme : la constatation des limites de la social-démocratie (réforme sociale contre révolution), aussi bien du PS moribond responsable de la répression des syndicalistes lors des manifestations contre la loi travail de 2016 que de la FI/UP trop molle en ce qui concerne la critique de l’Union européenne et de l’impérialisme. Le même constat d’échec chez l’anarchisme incapable de penser le réel et constamment miné par sa désorganisation, et aussi de la pensée type Lordon-Friot avec laquelle, comme beaucoup de jeunes politisés de ma génération, j’ai commencé vraiment à…

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Auteur: Jacques FRANJU Le grand soir