L’éditocratie est embarrassée. Non que cette contre-réforme lui déplaise sur le fond, tant le refrain de l’équilibre budgétaire et le mantra du « travailler plus » face à « l’allongement de la vie » la font mécaniquement frétiller. Mais elle marche sur des œufs. Par crainte du front syndical – incluant, à son grand dam, la CFDT, opposée à tout recul de l’âge de départ à la retraite – et politique, et plus généralement, par peur d’un embrasement social à même d’enrayer la frénésie (contre-) réformatrice du président. Dès lors, disposant encore d’informations parcellaires – le texte ne sera officiellement présenté que le 10 janvier en conférence de presse par Élisabeth Borne – et sans gréviste à se mettre immédiatement sous la dent, les têtes d’affiche les plus en vue préparent le terrain. Si, d’apparence, le « débat » médiatique ne s’est pas (encore) mué en rouleau compresseur, tous ses cadrages fondamentaux sont d’ores et déjà en place : enfermement du débat dans les termes gouvernementaux au détriment des alternatives avancées par les syndicats et les partis de gauche ; dissertations sur la « méthode » et la « pédagogie » présidentielles ; prophéties inquiètes ou moqueuses sur les mobilisations sociales à venir.
Défenseurs acharnés et conseillers du prince
« [C’est] dans un mois, plus encore que maintenant, que le président et le gouvernement devront faire preuve de détermination. » Par la voix de son rédacteur en chef Guillaume Tabard (3/01), la détermination du Figaro en défense de « la-réforme » s’affiche comme inébranlable : « Il faudra se battre contre tous ceux qui qualifient d’antidémocratique l’adoption d’une réforme rejetée par une majorité de l’opinion. Comme si une réforme n’était juste qu’à la condition d’être populaire. » Constante depuis des décennies en la matière, la ligne éditoriale est donnée pour les semaines et les mois à venir : « Pour réformer les retraites, Macron aura raison de tenir ». Il pourra en tout cas compter sur l’engagement sans faille du quotidien de la famille Dassault. Dès le lendemain (4/01), Vincent Trémolet de Villers ajoute d’ailleurs au coup de marteau une bonne dose de mépris de classe :
Par quel mystère un impératif économique – équilibrer un système en déficit structurel – et une évidence démographique – de moins en moins d’actifs, de plus en plus de retraités – se présentent-ils chaque jour un peu plus comme une sorte…
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Auteur: Pauline Perrenot Acrimed