Réforme des retraites : l’heure de vérité

Pour la seconde fois sous l’ère d’Emmanuel Macron, le dossier des retraites se trouve mis sur la table des discussions : lors du premier quinquennat, la réforme avait franchi une étape parlementaire, puis elle avait été enterrée sous les sables de l’épidémie du Covid-19. Elle se voulait systémique, uniformisant et universalisant un système de calcul par points à la place des années de cotisation, mettant un terme aux régimes spéciaux.

Aujourd’hui, la nouvelle version de cette même réforme apparaît comme un défi majeur du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Elle a conduit à une union syndicale rare en France et à une forte mobilisation dans la rue. Elle a aussi engendré des débats houleux à l’Assemblée nationale, mettant à jour les dissensions entre la droite représentée par Les Républicains et la Macronie.

La séquence attend un possible épilogue parlementaire ce jeudi 16 mars, alors que l’on se pose toujours des questions sur la forme que prendra le mécontentement social.

Une provocation ?

Lors de la campagne présidentielle en 2022, Emmanuel Macron avait affiché très clairement dans son programme sa volonté de faire de la réforme des retraites l’une des priorités de son second mandat.

Si l’objectif déclaré est le même qu’en 2019, « sauver le régime par répartition », la démarche est cette fois inversée et resserrée : il s’agit maintenant d’une réforme paramétrique, subordonnant les mesures d’accompagnement à la fixation préalable d’un recul du départ à taux plein, au lieu d’une réforme d’attribution des points rendant secondaire cette fixation.

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En imposant ce renversement, qui place les syndicats en position protestataire, Emmanuel Macron agissait-il par provocation ?

Il semble bien que non : les temps avaient changé, l’Assemblée nationale aussi. Surtout, la France sortait à peine de cette crise sanitaire exceptionnellement coûteuse, qui avait lourdement aggravé la dette publique et qui amenait le président, sinon à prôner l’austérité, au moins à renoncer à l’insouciance et à l’abondance.

Le nouveau rôle de l’Assemblée nationale

Dans ce contexte, le report de l’âge à 65 ans résonne comme un appel à l’effort collectif. Au Parlement, terminée la belle…

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Auteur: Claude Patriat, Professeur émérite de Science politique Université de Bourgogne, Université de Bourgogne – UBFC