Refus d'obtempérer : quatre fois plus de personnes tuées par des policiers depuis cinq ans

L’image interloque. Une voiture, en travers de la route, en plein Paris, le pare-brise perforé distinctement d’au moins deux impacts de balles, la vitre côté conducteur brisée. Dans le véhicule, quatre personnes, deux hommes et deux femmes, rentraient d’une soirée le matin du samedi 4 juin. Puis, pour cause de non-port de la ceinture de sécurité, ils sont contrôlés par une brigade de police à vélo. Le conducteur, qui conduit sans permis, aurait alors refusé de s’arrêter et aurait foncé sur un des policiers selon la version des autorités.

Mort après un refus d’obtempérer.

Sur cette photo, prise samedi matin dans le 18e arrondissement de Paris, on distingue nettement deux impacts de balles sur le pare-brise, côté passager.

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Les fonctionnaires tirent neuf balles avec leur arme de service. La passagère, atteinte d’une balle dans la tête, est tuée. Le conducteur, touché au thorax, est grièvement blessé. Dans divers témoignages accordés à la presse, les deux autres personnes à bord du véhicule réfutent que la voiture aurait foncé sur les forces de l’ordre. « Je vois deux policiers se mettre au niveau des vitres, devant. Tout est allé très vite. Je n’ai même pas entendu « Sortez de la voiture » ou « Mains en l’air ». Ils ont cassé les vitres en tapant avec leurs armes. On a entendu des coups de feu, la voiture qui repart. Tout cela s’est passé en même temps. La voiture n’est pas d’abord partie et ensuite ils ont tiré, c’est en même temps », raconte par exemple Inès, à l’arrière du véhicule, à FranceInfo. Plusieurs plaintes ont été déposées, notamment contre les policiers.

21 morts dans ces circonstances depuis cinq ans, soit plus de quatre par an

Depuis le début de l’année 2022, en plus de Rayana – la passagère mortellement touchée – trois autres personnes ont été tuées par la police à la suite d’un refus d’obtempérer. Jean-Paul Benjamin est mort à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le 26 mars, d’une balle dans le cœur tirée par un policier de la Brigade anti-criminalité (BAC) alors qu’il conduisait une camionnette volée. Puis, le soir du second tour de l’élection présidentielle, le 24 avril, deux frères, Boubacar et Fadjigui sont tués en plein centre de Paris sur le Pont-Neuf. Selon la police, ces tirs auraient suivi le refus d’un contrôle. La voiture aurait alors « foncé » vers un membre des forces de l’ordre qui se serait écarté avant que son collègue, 24 ans et encore stagiaire, ne tire dix cartouches de HK…

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Auteur: Ludovic Simbille, Pierre Jequier-Zalc