Rejet de la Constitution au Chili : les peuples autochtones revendiquent leur droit à s’autogérer

Dimanche 4 septembre 2022, plus de la moitié des Chiliens (62%) se sont rendus aux urnes pour dire « non » à la Constitution proposée par l’assemblée citoyenne qui planchait sur le sujet depuis un an. Un scénario qui aurait été difficile à imaginer au soir du 25 octobre 2020, lorsque 78% des votants s’étaient prononcés en faveur de l’abrogation du texte actuel, hérité directement du régime de Pinochet. Pourquoi cette nouvelle constitution a-t-elle été si peu plébiscitée, particulièrement parmi les autochtones ?

« Vive le Chili ! », scandaient hier soir des manifestants Plaza de la Dignidad, à Santiago. Depuis bientôt trois ans, la ville ne cesse de voir s’intensifier les flux des manifestants qui descendent à la rue pour réclamer des changements profonds pour leur pays. En octobre 2019, l’augmentation du prix du ticket de métro à Santiago avait déclenché un véritable raz-de-marée social et politique dans l’ensemble du pays, aboutissant en mai dernier à l’élection d’une assemblée de 155 citoyens chargés de rédiger une nouvelle constitution pour le pays.

Peu de temps après son arrivée au pouvoir, le président Boric, élu en janvier dernier, s’est vu remettre un texte constitutionnel qui présentait de réelles avancées, notamment en matière de droits des femmes, reconnaissant notamment l’IVG comme un droit fondamental.

Deuxième texte constitutionnel à reconnaître des droits à la nature (après l’Équateur), il était également audacieux en matière d’écologie, définissant « le devoir de prendre en charge la crise climatique » comme l’une des responsabilités de l’État. 

« Le texte représentait une chance unique de pouvoir progresser vers un pays plus juste et moderne, déplore un habitant de Santiago qui a voté « pour » son adoption. Nous revenons à la case départ, sans espoir de pouvoir changer la société pour le meilleur ».

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Sur les 388 articles du texte, 88 concernaient les peuples autochtones, ce qui est également inédit dans l’histoire chilienne. Ceux-ci, qui représentent 13% de la population du pays (dont 11% de Mapuche), se sont montrés particulièrement réticents à son adoption : selon un sondage de l’Estadio Nacional de Opinión Pública, seuls 16% des Mapuche se déclaraient « pour » cette Constitution, un chiffre bien en deçà de la moyenne nationale. Pourquoi un tel rejet ?

« Je soutiens le peuple chilien…

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Auteur: Nora Guelton