« Rejetez vos institutions, préparez-vous à la lutte »

Nos informateurs nous l’assurent : les universités sont désertées par leurs universitaires mêmes.
Cela fait un moment, déjà, que les idées les plus neuves et les plus radicales prennent leur essor hors de leur sein. D’où là nécessité et l’urgence de rejeter les institutions et de financer lundimatin !

Les meilleurs textes naissent sur des blogs à pseudonymes, autour de revues confidentielles, dans de petites maisons d’édition sans prestige ou, parfois, romantiquement, sur les murs de la ville et dans la terre. Ils se transmettent plus volontiers de mains en mains en cours d’émeute qu’à la table ronde d’un quelconque Collège.

Et l’on nous dit, de source sûre, qu’à l’heure où nous parlons, la plupart des textes stimulant nos pensées n’ont tout simplement pas été édités.

Nous remarquons que la génération la plus installée dans sa fonction de magister, alors qu’elle hérite d’un fort attachement à l’École, sent en elle-même qu’elle ne peut ni ne doit plus se contenter de proposer des réformes. Récemment, l’un des plus vénérables représentants d’une institution bien connue, concluait par ces mots le bilan des vingts dernières années de son département : « Autrement dit : le rôle de la philosophie c’est peut-être de nous dire cela : rejetez vos institutions et préparez-vous à la lutte. » Ces mots n’étaient pas prononcés dans une assemblée générale de néoanarchistes, par de jeunes étudiant•es immatures, mais par un homme né dans les années 1940, et en présence du Directeur libéral de l’école.

Ne nous trompons pas, la déroute universitaire est d’abord une chance en tant qu’elle est précisément le signe d’une recomposition entre intellectuel•les collectif•ves et mouvements réels. Perry Anderson a pu dire, en 1977, qu’en politisant la théorie, le « marxisme occidental » avait dépolitisé les théoriciens. La lutte des classes dans…

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Auteur: dev