Relance du nucléaire : un mirage répétant les erreurs du passé

En ces temps de sobriété énergétique de plus en plus contrainte du fait de l’inflation, d’un hiver à haut risque pour le réseau électrique à cause de nombreux réacteurs nucléaires à l’arrêt, de préparation d’une loi visant à massifier l’utilisation des énergies renouvelables, est-ce vraiment le moment de lancer la construction de nouveaux réacteurs qui ne répondent pas à l’urgence actuelle et détournent l’attention des vraies solutions ?

Saisi le 26 septembre pour une consultation en urgence, le Conseil National de la Transition Ecologique (CNTE), dans lequel les Amis de la Terre France sont représentés, a dû rendre un avis en urgence. Avec d’autres ONGs dont le Réseau Action Climat, nous avions boycotté le CNTE du 5 octobre, en protestation contre ces délais intenables imposés.

Ce projet de loi est clairement un passage en force sur le droit de l’environnement, de la mer, de l’urbanisme, de l’énergie. Il vise, par une série de dérogations et sous couvert d’un supposé « intérêt général », à placer la filière nucléaire au-dessus des lois et des concertations démocratiques. Cela n’est malheureusement pas nouveau : Cigéo/Bure, ITER, rejets d’eau chaude dans les fleuves, etc.

Alors que la construction de l’EPR de Flamanville est un véritable fiasco technique et financier (19,1 milliards d’euros selon la Cour des comptes en 2020, contre 3,3 milliards annoncés en 2006), sans parler des délais de mise en service sans cesse repoussés, l’État veut préparer la construction de 6 à 14 réacteurs nucléaires de type EPR 2 d’ici 2050.

  • Avec quel argent ? Les dizaines de milliards qui devraient soutenir la rénovation des bâtiments ?
  • Avec quels moyens humains ? Des ingénieur·es qui fuient la filière nucléaire ? Des soudeurs qui ont presque disparu ?
  • Avec quelles entreprises ? EDF, qui traverse une crise historique et dont la dette abyssale serait épongée par l’État, alors qu’Emmanuel Macron vient de faire tomber son ancien PDG Jean-Bernard Lévy ? Orano (ex-Areva), ruiné par l’EPR finlandais ? Les géants du BTP, tels que Vinci, Bouygues et Eiffage qui doivent déjà s’en frotter les mains ?
  • Avec quels matériaux ? Du béton, des métaux, des composants électroniques convoités par bien des secteurs d’activités.
  • Avec quel combustible ? De l’uranium 100 % importé et pourtant fer de lance de la fameuse « indépendance énergétique » !
  • Et tout cela dans quels délais ? Une première mise en service en 2040 ?

La Commission Nationale du Débat Public…

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Auteur: Julia Orain