À une époque où les inégalités explosent dans presque tous les pays, où l’on constate partout les impasses du court-termisme et de la démagogie démocratiques, où chacun a pris conscience de l’ampleur de l’effondrement environnemental en cours, le monde a besoin de solutions alternatives au « laisser-faire » capitaliste. Il faut que des formes de planification à long terme, d’allocation plus rationnelle des ressources, de rationnement équitable prennent le relais du catastrophique modèle néolibéral de la croissance sans fin. En un mot, le socialisme doit revenir à l’ordre du jour.
Le socialisme a mauvaise presse. Dans les nombreux pays où l’expérience collectiviste a été tentée, elle a toujours fini par échouer à plus ou moins brève échéance. Il faut se rendre à l’évidence, nous explique-t-on : le socialisme « ça ne marche pas ». C’est oublier un peu vite les succès incroyables de pays sortis en un temps record du sous-développement. C’est oublier, surtout, la guerre totale, le blocus économique et le pilonnage médiatique menés contre eux par « le monde libre ». Aucun pays socialiste n’a eu le loisir de se développer en paix. Reste l’exception chinoise : celle qui confirme la règle. Depuis quarante ans, le socialisme à visage chinois vole de succès en succès.
« Mais la Chine n’est pas socialiste ! » vous rétorquera-t-on. « Depuis la Réforme et l’Ouverture de Deng Xiaoping, la Chine accueille capitaux occidentaux et technologies étrangères, abaissant le pavillon de l’idéologie maoïste, elle a libéralisé son économie, autorisé la propriété privée, orchestré une explosion de la consommation, s’est intégrée au commerce global et à la finance mondiale. Elle n’a plus de socialiste que le nom ! »
Si, répond Alice Ekman, chercheuse au CNRS, dans Rouge vif, l’idéal communiste chinois (2020) un ouvrage qui a le mérite de faire fi des étiquettes superficielles pour s’appuyer avant tout sur des définitions et des constatations (« renoncer à l’idéologie pour partir des faits », prônait Deng Xiaoping). Elle fonde sa démonstration sur 10 constats…
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Auteur: Christophe TRONTIN Le grand soir