« Rends le blé » : à Marseille, des grévistes s'attaquent aux superprofits

Marseille (Bouches-du-Rhône), reportage

« On veut le blé de Saadé pour nos pépés ! » Plusieurs centaines de militants donnent de la voix aux pieds de l’immense tour CMA CGM, l’un des deux gratte-ciel marseillais qui s’élèvent au nord du Vieux-Port. Depuis 7 h 30, ils bloquent l’entrée des locaux malgré le mistral matinal de ce mercredi 15 mars. Rodolphe Saadé, PDG de « la CMA », comme on dit à Marseille, n’a pas été ciblé pour rien en ce jour de mobilisation nationale contre la réforme des retraites. Son entreprise, troisième compagnie maritime mondiale, a réalisé en 2022 plus de 23 milliards d’euros de bénéfices, un record absolu pour une entreprise française. Mieux que TotalÉnergies ou LVMH.

« Au moment où on nous demande de travailler deux ans de plus, il nous semble important de rappeler que ces entreprises réalisent des profits gigantesques et ne payent presque pas d’impôts », pointe Émilie, professeure de français dans un lycée du 13e arrondissement de Marseille. Selon une mission de l’Assemblée nationale sur les profits exceptionnels, le taux effectif d’imposition de la CMA CGM était… de 2 % en 2021.

Comme tous les armateurs européens, l’entreprise s’acquitte d’une taxe au tonnage, qui se base sur les capacités de sa flotte, et non sur les bénéfices engrangés. « Il y a un problème de partage des richesses dans ce pays. L’État ne peut pas organiser la faillite d’un côté et nous pressuriser de l’autre », appuie Emmanuel, ancien enseignant en burn out désormais au RSA.

Bloquer l’économie pour que « Macron recule »

Après avoir tenté de pénétrer dans le site, et avoir été refoulés par la sécurité, les manifestants optent pour un rassemblement devant les portes. Casseroles, banderoles et mégaphone, le blocage se déroule dans une ambiance festive. Les drapeaux de Sud, Solidaires ou de la CGT se côtoient dans la foule. « Leurs yachts s’échoueront sur nos grèves », peut-on lire sur un tract. Côté mer, on aperçoit les innombrables containers siglés CMA CGM en attente d’embarquement dans un des porte-conteneurs du groupe.

« On a beau être 3 millions dans la rue, le gouvernement s’en fout, alors on s’attaque à l’économie, c’est le seul moyen pour que Macron recule », détaille Pierre, enseignant syndiqué chez Sud Éducation, posté devant une pancarte « Ils sont 42 milliardaires, nous sommes 60 millions dans la galère ». « Il faut s’engager physiquement désormais. Ce qui se joue aujourd’hui, c’est un combat pour la dignité. C’est pour ça qu’on se lève tôt, qu’on bloque, qu’on manifeste », complète-t-il.

« Saadé, rends le blé »

Au moment où la réforme des retraites…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Marius Rivière Reporterre