Réparer un moteur, faire des semis, coudre un vêtement… éloge de la « débrouille rurale »

Basta! : Votre travail de thèse en sociologie met au jour « les débrouilles rurales ». Qu’entendez-vous par là ?

Fanny Hugues

Doctorante en sociologie à l’EHESS, sa thèse, en cours d’écriture, s’intéresse aux modes de vie sobres fondés sur la débrouille dans les milieux ruraux.

Fanny Hugues : Cela fait référence à des modes de vie économes, sobres, qui se passent à la campagne et qui permettent de s’en sortir au quotidien avec peu de ressources financières. Il existe plusieurs manières de se débrouiller en milieu rural en fonction de la manière dont sont assemblées certaines pratiques, selon les groupes sociaux identifiés : le fait de faire un potager ou son propre bois de chauffe, récupérer des vêtements, meubles et outils, bricoler au sens de « transformer des choses », réparer, autoconstruire sa maison, faire de « bonnes affaires »… Il s’agit aussi d’échanger de manière non marchande avec les gens de l’entourage en se prêtant des choses, en donnant, en échangeant.

Ces pratiques ne se limitent pas au sein de l’espace domestique, à la maison, mais s’étendent à la nature environnante. À l’espace d’habitation se mêlent des espaces de stockage composés parfois de dépendances comme une grange, ou d’un jardin, voire d’un terrain où est construit un appentis permettant d’accumuler des objets et matériaux récupérés qui vont être réparés ou transformés. Cet espace s’étend aussi à des espaces qui ne sont pas légalement possédés – forêts, bords de route, fossés où sont cueillis des champignons et autres denrées alimentaires.

En quoi être inséré dans un réseau d’entraide est-il également fondamental dans ces pratiques de débrouilles rurales ?

Toutes les personnes rencontrées s’inscrivent dans un réseau de proximité et dans une économie d’entre-subsistance. J’ai identifié deux types de réseaux. Pour les femmes…

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Auteur: Sophie Chapelle