Repas de Noël : il y a du plomb dans le gibier

En chaussons dans sa cuisine, Monique déballe une corbeille gourmande joliment empaquetée. Confit d’oignons au café, marmelade de Noël, clafoutis de cerises, vin rouge… Cette année, la mairie a choyé ses aînés. Au fond du paquet repose aussi une terrine de cerf aux airelles, venue tout droit d’un producteur périgourdin. Original, se dit-elle ! Seulement, en inspectant les plus petites lignes de l’étiquette collée au dos du bocal, on lit : « Malgré tous nos contrôles qualité, il n’est pas exclu que notre viande de cerf contienne des projectiles de tir (chasse). »

Faisan rôti aux figues, gigue de chevreuil, tournedos de biche, croustillant de caille aux girolles… Chaque hiver, les fêtes de fin d’année mettent à l’honneur le gibier et son authenticité sur de nombreuses tablées. Une authenticité qui implique de croquer dans de microfragments de balles. Dans les rayons d’un supermarché, le constat est le même sur toutes les étiquettes : « Peut contenir des projectiles de chasse. »

« Juste une obligation légale » ?

« C’est juste une obligation légale, comme pour les steaks hachés qu’on demande de cuire à cœur alors que bien des gens les consomment saignants », tempère le responsable d’une boucherie de l’Aubrac. À l’issue d’un examen post-mortem, les cervidés qu’il commercialise sont stockés en chambre froide par les chasseurs dans les deux heures qui suivent l’abattage.

Ce n’est qu’à ce moment-là que le commerçant récupère les cadavres et fait intervenir la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), c’est-à-dire les services vétérinaires, pour une inspection plus approfondie. « Il arrive qu’il y ait du plomb dans les carcasses, mais seulement à un endroit précis. Il n’y a pas d’explosion ! Et les vétérinaires sont justement là pour retirer les éventuels morceaux où l’animal a reçu la balle. » Une fois l’opération terminée, les bouchers peuvent alors entreprendre la découpe et la mise en vente : « Croyez-moi, on ne peut pas retrouver de plomb dans nos produits. Et le gibier, c’est très bon pour la santé », conclut le marchand.

Depuis des décennies, cette idée selon laquelle les projectiles de munitions resteraient intacts ou presque dans le corps de l’animal — et ainsi facilement détectables à la découpe — fait loi. À tel point que dans la législation européenne, le règlement fixant les teneurs maximales des contaminants dans les denrées alimentaires ne donne aucune limite au plomb…

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Auteur: Emmanuel Clévenot Reporterre