Reportage : aux 19e rencontres cinématographiques de Béjaïa

Arrivé à l’aéroport de Béjaïa, je cherche du regard quelqu’un de sympa pour me renseigner sur les bus. Je tombe sur W. qui me propose de m’emmener à la cinémathèque. W. a mon âge, il est passionné par le cinéma et électricien. Il m’apprend que le Hirak est parti de Kherrata, une commune à 60km d’ici. W. en est fier, Béjaïa est une ville jeune et révoltée, près des deux tiers de la population a moins de 30 ans et l’abstention a atteint le chiffre record de 99 % pour les élections de 2019. En passant devant un barrage de gendarmes, alors que nos complicités commencent à se dévoilées, W. me dit « ils sont partout les flics en ce moment, ils nous gênent, on a pas besoin d’eux en Kabylie. Ici, on paye même nos routes ».

Les Rencontres cinématographiques de Béjaïa c’est un festival de cinéma indépendant, gratuit et sans compétition. D’ailleurs, « ce n’est pas un festival », mais des rencontres. D’abord entre les cinéastes mais aussi et surtout des cinéastes avec le public ; le débat d’après-film est mis au centre de l’éthique RCB, et les controverses peuvent être houleuses. On est d’ailleurs venu exprès pour cette effervescence là :

« Le plus important pour nous c’est de savoir qu’il y aura tant de personnes qui se déplacerons pour assister aux projections, aux débats […] « le public » est le qualificatif qu’on leur attribue, et au-delà de l’amour que porte ce public au cinéma, et de l’émotion qui se dégage de sa présence, c’est son acte militant d’occuper cet espace culturel qui pérennise notre évènement […] Voilà pourquoi, aux RCB, la star … c’est le public. »

Mais plus que de public, il faudrait parler de peuple. Pour nous, habitant.e.s de la société atomisée, ce qui est frappant en débarquant en Algérie, plus que « le décalage culturel » ou les singes qui vivent dans les squares, c’est la présence d’un peuple. W. me dit :…

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Auteur: dev