Reporterre mobilise contre la « criminalisation du journalisme »

Paris, reportage

« ​​D’abord, on ressent de la colère. Pourquoi suis-je visé en tant que journaliste ? » lance Grégoire Souchay, journaliste pigiste pour Reporterre, devant une salle comble de la Bourse du travail de Paris, lundi 5 décembre. Le journaliste, basé dans l’Aveyron, a été assigné en justice, au printemps 2023, par l’entreprise RAGT, après avoir réalisé un reportage sur une action de faucheurs volontaires. « J’ai constaté que tous, on vit de plus en plus d’entraves à notre travail », témoigne-t-il.

Le cas de Grégoire Souchay est en effet loin d’être isolé. Chez Reporterre, plusieurs journalistes ont déjà connu de telles intimidations. Pour avoir suivi une action de désobéissance civile d’Extinction Rebellion sur l’aéroport d’Orly, Alexandre-Reza Kobabi s’est vu infliger dix heures de garde à vue et une amende pour « manquement à la sûreté aérienne », en juin 2020. Reporterre avait alors tenté un recours hiérarchique auprès du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin : « C’est resté sans réponse », indique Alexandre-Reza Kobabi.

Revoir la soirée en vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=4353J93TJFc

Quelques mois plus tard, la journaliste Justine Guitton-Boussion et le photographe NnoMan Cadoret ont également reçu une amende pour avoir couvert une action à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. « Dans ces trois cas, les journalistes sont assimilés à l’information qu’ils couvrent. On leur réserve le même traitement qu’aux militants », analyse leur avocat, maître Alexandre Faro.

Contournement du droit de la presse

« Nous ne sommes pas au-dessus des lois : il est normal que les journalistes rendent des comptes, dans le cadre de la loi sur la liberté de la presse de 1881 », introduit Tristan Waleckx, journaliste pour « Complément d’enquête » sur France 2. Sauf que de plus en plus d’attaques ne se font pas sur ce fondement. Pour avoir enquêté sur le groupe Bolloré, le journaliste a par exemple été assigné en justice dans pas moins de trois procédures différentes, dont l’une devant le tribunal de commerce.

Plusieurs intervenants de cette réunion publique constatent un contournement généralisé du droit de la presse. Le recours aux tribunaux de commerce, et à des motifs comme la violation du secret des affaires, du secret de l’instruction ou du secret défense, est grandissant. Ce dernier motif a été par exemple invoqué après que Disclose et « Complément d’enquête » ont révélé…

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Auteur: Maïa Courtois, Mathieu Génon Reporterre