Reprendre la terre aux machines, de l'Atelier Paysan

L’atelier paysan, cette « coopérative d’autoconstruction » qui cherche depuis plusieurs années à développer la réappropriation des savoirs et techniques liées à l’agriculture, a fait paraître l’été dernier un livre important intitulé Reprendre la terre aux machines. Il brosse un tableau édifiant de l’impasse actuelle de l’agro-industrie : désastre écologique, robotisation des activités qui mène à un endettement à vie des paysans, baisse de la qualité de la nourriture destinée aux plus pauvres, etc. C’est donc l’ensemble du système qui est à revoir et comme ils l’écrivent, « Ce manifeste se veut une contribution à l’émergence d’un large mouvement populaire pour l’autonomie paysanne et alimentaire. ». Si le constat critique qu’ils établissent clarifie la situation actuelle sur bien des points, il y aurait néanmoins à redire sur les « solutions » qu’ils envisagent : ainsi de la Sécurité Sociale alimentaire, inspirée de Bernard Friot, ou de l’installation d’un million d’agriculteurs dans les dix prochaines années qu’ils appellent de leurs voeux. L’échelle nationale, la tendance gestionnaire et le discours économique qui transparaissent font parfois étrangement penser à des discours pré-électoraux.

Forts du constat que les alternatives paysannes s’avèrent totalement inoffensives face au complexe agro-industriel, que les consommateurs en changeant leurs habitudes alimentaires ne font que s’enfermer dans des niches créées par l’industrie et le marché et ne parviendront pas à modifier la trajectoire, que les élites politique et économique ne concéderont de bouleversement qu’avec le surgissement d’un mouvement social, les membres de L’Atelier paysan proposent des pistes de rupture pour reprendre la terre aux machines, aux lobbies et au capital. « Ce manifeste se veut une contribution à l’émergence d’un large mouvement populaire pour l’autonomie paysanne et alimentaire. » Il s’agit de remettre en cause le choix fondamental fait par les sociétés industrialisées au sortir de la Seconde Guerre mondiale de « produire la nourriture le moins cher possible, dans l’espoir que tout le monde le monde puisse se nourrir à bas prix, et d’étouffer ainsi les revendications salariales et populaires  ».

Ce système ne fonctionne pas du tout : environ 70 % des revenus des agriculteurs proviennent des aides nationales et européennes, pourtant 14 % ne dégagent aucun revenu, et la population française n’a pas les moyens de l’alimentation…

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Auteur: lundimatin