Depuis quelques années, les réseaux sociaux comme Facebook et X (anciennement Twitter) sont devenus la cible d’accusations nombreuses : facteurs de diffusion de « fake news » à grande échelle, instruments de déstabilisation des démocraties par la Russie et la Chine, machines à capturer notre attention pour la vendre à des marchands de toutes sortes, théâtres d’un ciblage publicitaire toujours plus personnalisé et manipulateur, etc. En atteste le succès de documentaires et d’essais sur le coût humain, jugé considérable, des réseaux sociaux, comme The Social Dilemma sur Netflix.
L’un de ces discours, en particulier, rend les plates-formes digitales et leurs algorithmes responsables de l’amplification de l’hostilité en ligne et de la polarisation politique dans la société. Avec les discussions en ligne anonymes, affirment certains, n’importe qui serait susceptible de devenir un troll, c’est-à-dire une personne agressive, cynique et dépourvue de compassion, ou de se « radicaliser ».
Des travaux récents en sciences sociales quantitatives et en psychologie scientifique permettent toutefois d’apporter quelques correctifs à ce récit, excessivement pessimiste.
L’importance du contexte sociopolitique et de la psychologie
Pour commencer, plusieurs études suggèrent que si les individus font régulièrement l’expérience de discussions sur des sujets politiques qui deviennent conflictuelles, cette incivilité est en partie liée à des facteurs psychologiques et socio-économiques qui préexistent aux plates-formes digitales.
Dans une étude interculturelle de grande envergure, nous avons interrogé plus de 15 000 personnes via des panels représentatifs dans trente nations très diverses (France, Irak, Thaïlande, Pakistan, etc.) sur leurs expériences des conversations sur Internet. Notre première découverte est que ce sont dans les pays les plus inégalitaires économiquement et les moins…
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Auteur: Antoine Marie, Chercheur post-doctorant, École normale supérieure (ENS) – PSL