Résistances du travail sensible

La critique de l’exploitation n’est pas seulement un exercice théorique. Elle s’exerce également dans la pratique, par exemple lorsque des salariées s’écartent des exigences managériales qui les éloignent de ce qui fonde leur travail. Elles tentent alors de redéfinir les finalités de leur activité. On découvre au travers de leurs récits comment des pensées et des pratiques autonomes s’élaborent à l’hôpital, dans des consultations psychosociales, dans le nettoyage…

C’est sur de tels récits que s’appuie Nicolas Latteur, sociologue, auteur de Critique populaire de l’exploitation. Ce que devient le travail, Éditions Le Bord de l’eau, 2023, dont est extrait ce texte, pour analyser les transformations en cours, les formes contemporaines de management, les politiques néolibérales et les résistances qui leur font face.

La réflexivité s’avère indispensable à la préservation de la santé et à la construction de perspectives d’émancipation. Souvent confrontées à des situations doulou­reuses, les professionnelles revendiquent des espaces d’échange et entendent recréer des collec­tifs. Elles font l’objet de formes de disqualification et de mépris. Mais cela ne les empêche pas d’investir ce que deviennent le travail du care et de reproduction sociale. Elles naviguent entre contraintes, subordinations, dominations, autonomies et affirmations de leurs qualifications.

Des salariées mettent en question les approches promues dans les institutions. Porteuses d’autres conceptions, elles s’invitent dans le champ politique, là où se règlent des modes de relation et de traitement des populations.

Autonomie et engagements multiples

Tout à la fois source de réalisation de soi, de passion, de désillusion ou de ressentiment, investi d’idéaux et chargé de contraintes, le travail ne se limite jamais à une tâche à exécuter. Les salariées s’y impliquent et se confrontent à de…

La suite est à lire sur: www.contretemps.eu
Auteur: redaction