En 2003, Attac publiait, avec le Syndicat de la magistrature En finir avec la criminalité économique et financière. Nous constations « qu’à l’abri et au service de la mondialisation “légale”, l’économie du crime s’est, elle aussi, globalisée. Les règles du droit ont été neutralisées et instrumentalisées pour consolider les rapports de force fondés sur la toute-puissance de l’argent ».
Vingt après, le paysage politique et juridique a changé, mais la question demeure. Roberto Scarpinato, procureur général à Palerme, écrit que lutter contre la corruption, c’est « faire tomber une mise en scène dans laquelle le pouvoir se tient hors de portée du peuple, où il s’autorise la transgression des lois et le refus des règles communes ». La corruption a pour conséquences le délitement de la démocratie, l’appauvrissement de l’État et la perte de la souveraineté.
La corruption ne se limite pas aux affaires les plus importantes. Elle concerne tous les citoyen·nes. En effet, le montant annuel de la corruption est évalué à 120 milliards d’euros par an pour la France, soit environ 6 % du PIB. L’estimation du montant de la fraude et de l’évasion fiscale pour le pays se situe entre 60 et 100 milliards d’euros par an. Il faut rapprocher ces chiffres des dépenses par ministère en 2020, selon le projet de loi de règlement : 76 milliards pour l’éducation, 9,3 milliards pour la justice, 2,9 milliards pour la culture. Il faut également les rapprocher des recettes de l’État la même année : 75 milliards au titre de l’impôt sur le revenu, 48 milliards pour l’impôt sur les sociétés, 125 milliards pour la TVA. Corruption et fraude produisent les effets d’un grand hold-up que personne ne voit. Pourtant, chacun subit l’appauvrissement des services publics et l’inégale répartition des impôts auxquels les plus fortunés ont appris à se soustraire en grande partie. Car la corruption n’est pas seulement un problème moral, c’est un phénomène politique qui attaque le fondement du contrat social.
La corruption et la fraude, un enjeu systémique
Pour résister à la corruption, il faut admettre son caractère systémique. Certes, Anticor saisit la justice de cas emblématiques de la corruption. Cela permet d’alerter l’opinion et d’endiguer la voracité des puissants. Mais pour y répondre vraiment, il est nécessaire de changer l’architecture du pouvoir.
Car ce pouvoir est d’abord confisqué par les lobbys. Par exemple, BlackRock, société gestionnaire d’actifs, a…
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Auteur: Anticor