« Respectueux, gentil » : à Toulouse, ils rendent hommage à Serge, blessé à Sainte-Soline

Toulouse (Haute-Garonne), reportage

« Est-ce qu’un coup de cutter dans une bâche mérite vraiment qu’on envoie deux personnes dans le coma ? » Béret vissé sur la tête, le « Gilet jaune de la première heure » brandit en direction des policiers une pancarte au contraste éclatant : « Qui tue ? Qui éborgne ? Qui terrorise ? Qui est terroriste ? » Poussant sur sa voix frêle, à moitié couverte par les « ACAB », scandés en cœur dans son dos, il ajoute : « J’ai été choqué par la violence des images à Sainte-Soline. Et pourtant, j’ai connu Mai 68. »

Le 30 mars, à l’appel des Soulèvements de la Terre, des dizaines de rassemblements ont été organisés devant les préfectures du pays. Objectif : soutenir les militants victimes des violences policières à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) le 25 mars lors d’une manifestation contre les mégabassines. Venus défendre le vivant et la juste répartition de l’eau, les 30 000 manifestants ont essuyé plus de 4 000 lancers de grenades. Cette militarisation de la répression du mouvement écologiste s’est soldée par des mâchoires arrachées, un œil crevé et deux personnes plongées dans le coma, entre la vie et la mort.

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Un des deux est Serge, habitant de Toulouse. Dans l’obscurité grandissante de la place Saint-Étienne, au cœur de la Ville rose, plusieurs centaines de citoyens lui ont rendu hommage : « Mon Sergio, je suis venu ici témoigner de ton amour pour la nature et la terre, témoigner aussi de ton profond humanisme », a murmuré dans le mégaphone Vince, son collègue accompagnateur en montagne. « Il est humble, respectueux, gentil. Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais une attitude violente ou provocatrice, a renchéri son coéquipier de football, étouffant un sanglot. Vous ne nous mentirez pas sur qui il est ! »

Le 28 mars, la police a laissé fuiter l’information que Serge est « fiché S ». Aussitôt, certains médias ont décrit le trentenaire comme un délinquant, repris de justice : « L’État joue de la désinformation pour détourner le regard des violences policières et se dédouaner de toute responsabilité, analyse Jean-François Mignard, président de la Ligue des droits de l’Homme 31. Il y a bientôt dix ans, Rémi Fraisse est mort à Sivens. Aujourd’hui, les faits sont troublants de ressemblance. Les forces de l’ordre ne semblent pas avoir tiré de leçons du passé. »

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Auteur: Emmanuel Clévenot Reporterre