Retour à Reims de Didier Eribon : la bourgeoisie trie et exclut les classes populaires

À Frustration, nous avons un rapport critique sur la fonction et la réception des récits de ce qu’on appelle les “transfuges de classe” – les personnes nées dans des milieux populaires et/ou ouvriers, qui, par des parcours atypiques, se retrouvent propulsés dans la bourgeoisie – souvent culturelle – demandant d’elles et d’eux tout un ensemble d’efforts d’acculturation pour se conformer à leur nouveau milieu et donnant souvent lieu à des descriptions de leur ressenti, de la haine d’eux mêmes, de la “honte” de leur classe d’origine. L’article d’Hamana avait eu un grand succès, déclenchant même la franche colère d’Edouard Louis. Nous avions ensuite recensé l’ouvrage de Laelia Veron et Karine Abiven, Trahir et Venger qui sur bien des points allait dans la même direction que cet article. Retour à Reims, dans lequel son auteur explore son “retour” dans son milieu ouvrier d’enfance, est un des titres phares de cette littérature. Pour autant, bien que certains aspects continuent de nous interroger, il est aussi indéniable que cet ouvrage de l’écrivain et sociologue Didier Eribon donne à réfléchir sur bien des points et propose aussi des réflexions brillantes et d’actualité, notamment sur le vote RN. 

Premier article de Rob Grams d’une série de trois sur Retour à Reims de Didier Eribon 

Retour à Reims est une œuvre hybride, entre l’essai et le récit autobiographique : Didier Eribon pense depuis son parcours. Ce texte est, à bien des égards, une illustration, une mise en récit incarnée, subjective, et réflexive, de la sociologie bourdieusienne, et, en effet, ce parcours peut aider à voir l’arbitraire de l’ordre des choses. 

“Ils sont tôt tracés, les destins sociaux ! Tout est joué d’avance !”

Une des prises de conscience fondamentale que permet la sociologie, c’est-à-dire la science des comportements, des interactions et des structures sociales, et en…

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Auteur: Rob Grams