À Frustration, nous avons un rapport critique sur la fonction et la réception des récits de ce qu’on appelle les “transfuges de classe” – les personnes nées dans des milieux populaires et/ou ouvriers, qui, par des parcours atypiques, se retrouvent propulsés dans la bourgeoisie – souvent culturelle – demandant d’elles et d’eux tout un ensemble d’efforts d’acculturation pour se conformer à leur nouveau milieu et donnant souvent lieu à des descriptions de leur ressenti, de la haine d’eux mêmes, de la “honte” de leur classe d’origine. L’article d’Hamana avait eu un grand succès, déclenchant même la franche colère d’Edouard Louis. Retour à Reims, dans lequel son auteur explore son “retour” dans son milieu ouvrier d’enfance, est un des titres phares de cette littérature. Pour autant, bien que certains aspects continuent de nous interroger, il est aussi indéniable que cet ouvrage de l’écrivain et sociologue Didier Eribon donne à réfléchir sur bien des points et propose aussi des réflexions brillantes et d’actualité, notamment sur le vote RN.
Troisième et dernier article de Rob Grams sur Retour à Reims de Didier Eribon
Comme Edouard Louis après lui, Didier Eribon fait assez longuement la description du sentiment d’infériorité sociale qu’il a ressenti, de sa “honte” de provenir d’un milieu ouvrier, qu’il présente parfois presque comme une évidence. C’est peut-être les moments du livre où il nous est le plus difficile de nous identifier.
“On parle rarement des milieux ouvriers, mais quand on en parle c’est le plus souvent parce qu’on en est sorti, et pour dire qu’on en est sorti et qu’on est heureux d’en être sorti, ce qui réinstalle l’illégitimité sociale de ceux dont on parle au moment où l’on veut parler d’eux »
Retour à Reims (2009), Didier Eribon
Il en a d’ailleurs conscience : “On parle rarement des milieux ouvriers, mais quand on…
Auteur: Rob Grams