À Frustration, nous avons un rapport critique sur la fonction et la réception des récits de ce qu’on appelle les “transfuges de classe” – les personnes nées dans des milieux populaires et/ou ouvriers, qui, par des parcours atypiques, se retrouvent propulsés dans la bourgeoisie – souvent culturelle – demandant d’elles et d’eux tout un ensemble d’efforts d’acculturation pour se conformer à leur nouveau milieu et donnant souvent lieu à des descriptions de leur ressenti, de la haine d’eux mêmes, de la “honte” de leur classe d’origine. L’article d’Hamana avait eu un grand succès, déclenchant même la franche colère d’Edouard Louis. Nous avions ensuite recensé l’ouvrage de Laelia Veron et Karine Abiven, Trahir et Venger qui sur bien des points allait dans la même direction que cet article. Retour à Reims, dans lequel son auteur explore son “retour” dans son milieu ouvrier d’enfance, est un des titres phares de cette littérature. Pour autant, bien que certains aspects continuent de nous interroger, il est aussi indéniable que cet ouvrage de l’écrivain et sociologue Didier Eribon donne à réfléchir sur bien des points et propose aussi des réflexions brillantes et d’actualité, notamment sur le vote RN.
Deuxième article de Rob Grams d’une série de trois sur Retour à Reims de Didier Eribon
Une des analyses centrales de Retour à Reims est le passage, que Didier Eribon, né en 1953, a vécu au cours de sa vie, d’une forte présence du communisme dans une partie de la classe ouvrière à une forte présence de l’extrême droite et du Rassemblement national.
Le communisme dans la classe ouvrière
Il commence donc par analyser ce qu’était cet attachement au communisme et rappelle qu’il n’avait globalement rien à voir avec des questions de politique étrangère ni de désir de voir être mis en place une république soviétique en France. Cette adhésion était au contraire…
Auteur: Rob Grams