Retour de mission en Palestine : une priorité, faire reconnaître l'apartheid — Monique ÉTIENNE

Nous avons parcouru la Cisjordanie de Jénine au sud d’Hébron, en passant par Naplouse, la vallée du Jourdain, Ramallah, Bethléem et bien-sûr Jérusalem. Nous avons rencontré les habitants des villages qui résistent contre les colonies ; ceux des quartiers menacés d’expulsion de Jérusalem-est et du village bédouin d’Al Araqib, dans le Naqab, détruit 199 fois.

Nous avons écouté des familles meurtries par la démolition de leur maison ; des paysans à qui les colons veulent arracher leur terres ; des bergers qu’on empêche de garder leur troupeau ; des enfants qui ne peuvent plus s’instruire parce qu’on détruit leur école.

À Beita, dans ce village, près de Naplouse, qui, depuis plus d’un an, mène une lutte exemplaire contre un avant-poste de colons qui veut confisquer ses terres, le centre de santé s’est transformé en service d’urgence pour accueillir et soigner gratuitement les blessés, certains à balles réelles, qui arrivent en nombre tous les vendredis, jour de protestation des villageois. Sur 15 000 habitants, la répression leur a déjà coûté 11 morts, 350 blessés dont 6 ont perdu un œil.

Dans le camp de réfugiés de Balata, à Naplouse, pendant le COVID, comme tout était fermé, que les hommes ne pouvaient plus travailler, la situation de pauvreté s’est aggravée comme dans toute la Palestine. La vie des femmes s’est encore dégradée avec la montée des violences familiales. À cela s’ajoute le harcèlement permanent de l’occupation : invasion des soldats, raids quotidiens. La semaine précédent notre venue, un jeune de 17 ans a été tué. « Ce qui manque le plus c’est de se sentir en sécurité. Si les enfants sont violents, c’est qu’ils vivent dans la terreur des soldats et des colons. » nous dit Maryam, une des animatrices du centre culturel Jaffa.

Des situations kafkaïennes

Il faut se représenter Kalandia, un village qui se meurt, isolé de la Cisjordanie, coincé entre le mur et la ligne verte ; de nombreuses maisons y ont été détruites pour « raisons de sécurité », ce sésame israélien qui justifie l’accaparement des terres palestiniennes. Poursuivant la route, on passe par un tunnel qui peut être fermé à tout moment, pour arriver au village de Biddu, dans lequel on ne peut entrer que par cette porte. Le cauchemar continue : nous arrivons devant un portail et un couloir de barbelés surplombant une route réservée aux colons. C’est là que vit la famille Saadat, dans une maison totalement encerclée par une colonie. Une prison à ciel ouvert !

Sa…

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Auteur: Monique ÉTIENNE Le grand soir