Retour sur la lutte du Larzac, aïeule des « zones à défendre » et berceau de l'altermondialisme

Dix-huit ans après sa création, la revue CQFD, libre et indépendante, n’est pas peu fière de publier cet été son 200ème numéro, et de poursuivre le chemin : parce qu’il y a toujours autant de choses qu’il faut dire, détruire, développer, découvrir, déconstruire, désacraliser, dézinguer, dégoupiller, diagnostiquer, désirer, divaguer, double-cliquer, discuter, déchif frer, désactiver, détricoter, déligoter, dénucléariser, défoncer… CQFD. Un grand salut aux centaines de plumes qui ont fait son histoire, et merci à basta ! de nous ouvrir ses pages.

D’un côté il y a l’armée, qui veut agrandir son camp pour manœuvrer à sa guise. De l’autre, 103 paysans qui refusent de dégager le plancher. Entre les deux il y a le causse du Larzac, un plateau pelé du sud du Massif central où les ovins paissent depuis Mathusalem. Une zone à défendre.

Face au kaki, la lutte est longue, la lutte est dure ; elle est surtout créative et ingénieuse. Les paysans trouvent des combines pour racheter des terres à la barbe et au nez des militaires. Ils mettent les rieurs de leur côté en allant manifester avec leurs bêtes sous la tour Eiffel. Ils inventent. Ils accueillent de nouveaux paysans, qui occupent des fermes déjà rachetées par l’armée. Ils rameutent des dizaines de milliers de sympathisants des quatre coins de la France pour deux rassemblements restés dans les mémoires (étés 1973 et 1974). Ils ne sont d’ailleurs pas que des « ils » : il y a aussi des « elles ». Et à la fin, c’est tout ce beau monde qui gagne ensemble, dans la foulée d’une élection présidentielle. On est en 1981.

Dix-huit plus tard, un certain José Bové, installé sur le causse à l’époque de la lutte, démonte le McDo de Millau avec ses camarades de la Confédération paysanne. En 2003, un nouveau rassemblement massif, altermondialiste celui-là, est organisé sur le causse.

Et puis il y a les échos, les héritages. En 2018, le gouvernement annonce l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à 700 bornes de là : la zone à défendre, la Zad, dont tant de militants avaient rêvé de faire « un nouveau Larzac ». Les deux luttes, c’est certain, sont cousines. Et Notre-Dame-des-Landes n’est pas la seule que le Larzac aura inspirée.

Philippe Artières vient de publier Le Peuple du Larzac : une histoire de crânes, sorcières, croisés, paysans, prisonniers, soldats, ouvrières, militants, touristes et brebis… . Il y avait donc quelques questions à lui poser.

CQFD : Ce qui…

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Auteur: CQFD