On a beaucoup entendu parler du plan de relance de Biden, si énorme que certains économistes évoquent même une possible « surchauffe » de l’économie – de l’inflation artificielle, des bulles spéculatives, etc. – mais rien de très grave, seulement un petit problème d’ajustement conjoncturel. Au contraire, Paul Mattick montre ici que « les différents plan Biden ne sont que la forme récente qu’a pris la crevasse dans laquelle le capitalisme américain (voire mondial) se trouve coincé depuis un bon moment ». Qu’il s’agisse du militarisme, de l’écologie ou du syndicalisme, il dresse un portrait réaliste des premiers mois de Biden au pouvoir et de l’état de l’Amérique.
Si l’on est à la recherche du nouveau jour s’ouvrant avec l’élection de Joe Biden, on aura trouvé ces dernières semaines difficiles. Certes, Biden a endossé une lourde charge en reconnaissant la défaite américaine en Afghanistan (tout en affirmant, bien sûr, que la mission initiale de lutte contre le terrorisme était dorénavant, comme George Bush s’en était vanté il y a 19 ans, accomplie). Mais n’allez pas imaginer que l’administration Biden ait perdu son appétit militaire, alors qu’elle se prépare activement à étoffer sa réponse armée à la « menace chinoise » en soumettant une demande de crédits militaires qui dépasse de 1,7 % le budget de Trump pour l’année 2020. Il y aura de l’argent pour des missiles hypersoniques, la guerre de l’espace ainsi que d’autres gadgets, sans oublier la « modernisation nucléaire » (la fabrication d’armes nucléaires « améliorées »). Et Biden prévoit aussi de renforcer la présence militaire américaine en Allemagne afin de s’opposer à la menace russe. Parallèlement, l’administration maintient la politique de Trump concernant la conservation des mines terrestres persistantes qui, affirme-t-elle, constituent « un outil vital dans la guerre conventionnelle ».
Plus près de chez nous, tandis que des dizaines de milliers d’enfants d’Amérique centrale s’entassent dans des centres de rétention au Texas, les éloges ne tarissent pas pour le Plan américain pour l’emploi (American Jobs Plan), présenté par le président comme le plus gros investissement de fonds publics depuis la Seconde Guerre mondiale. Or, comparés aux investissements dans la fabrication et l’utilisation de machines de meurtre et de destruction de masse après 1942, qui représentaient la moitié environ du PIB, les plans de dépenses de Biden – à condition…
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Auteur: lundimatin