Retraitement nucléaire, une filière au bord de la saturation

[2/2] Les combustibles, casse-tête du nucléaire français Le nucléaire dépend du cycle de son combustible, l’uranium, de sa transformation jusqu’à la gestion de ses déchets. La France a choisi de retraiter le combustible, en principe afin qu’il puisse être réutilisé. Mais plusieurs installations essentielles dysfonctionnent, et le système s’engorge. Enquête en deux volets, le premier : Nucléaire : pannes en série dans le recyclage du combustible.. Et voici le second.


Une usine de retraitement qui retraite moins, une usine de fabrication de Mox qui fabrique moins, des stocks de matières nucléaires ni retraitées, ni réutilisées… le cycle du combustible français est en grande difficulté. Une situation reconnue officiellement : le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Bernard Doroszczuk, a pointé sa « fragilité » ainsi qu’« un manque d’anticipation et de précaution, […] qui pourrait fragiliser le fonctionnement des centrales nucléaires si les capacités d’entreposage des combustibles usés venaient à être saturées », lors de ses vœux à la presse en janvier. Cet équilibre est stable lorsque chaque étape du processus est parfaitement fluide. Ce n’est plus le cas depuis des années.

Le 8 mars, le Haut comité sur la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire (HCTISN) a reçu le gratin du cycle du combustible dans ses locaux parisiens. EDF, Orano, l’ASN, l’IRSN, l’État et les associations, tout le monde était là. L’ambiance était studieuse, l’heure grave. Pour les industriels, la réunion avait le goût d’un grand oral. Enjeu : quelle solution trouver à l’engorgement du système ?

Une saturation attendue « au mieux » en 2030

L’équilibre du cycle du combustible n’est garanti que par la consommation régulière de toutes les matières séparées lors du retraitement des combustibles usés à La Hague : l’uranium de retraitement (URT) et le plutonium. Or, cela fait des années que ces matières sont sous-utilisées — voire carrément inutilisées dans le cas de l’URT, qui est stocké à Pierrelatte. Tandis que l’URTe, c’est à dire l’uranium de retraitement ré-enrichi sur le site de Seversk en Russie et ayant servi dans les réacteurs de Cruas 3 et 4 jusqu’en 2013, s’accumule dans les trois piscines de l’usine de La Hague, qui vont bientôt être saturées.

« La saturation surviendra dans deux ans, au mieux en 2030, dit David Boilley, membre du HCTISN et président de l’Association de contrôle de la…

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Auteur: Reporterre