Montpellier (Hérault) et Rodez (Aveyron), reportage
Des milliers de manifestants ont défilé dans toute la France le 15 mars. Parmi les grévistes, de nombreux cheminots, retraités, ouvriers et même artisans, venus s’opposer à la réforme des retraites. À Montpellier, ils certifient être « déterminés » jusqu’au retrait de la réforme ; à Rodez, les deux heures de transport pour aller manifester ne les démotivent pas, bien au contraire.
• À Montpellier, les cheminots entre ténacité et résignation
Sur la façade blanche de la gare, l’horloge s’est arrêtée. « Elle fait grève, comme nous », s’amuse une cheminote. Le 15 mars à l’aube, quelques dizaines d’agents de la SNCF ont tendu les banderoles et allumé les fumigènes devant la station de Montpellier Saint-Roch. Avec un mot d’ordre : « Montrer qu’on est déterminés et qu’on ira jusqu’au retrait de la réforme des retraites », annonce, sans hésiter, Sébastien Boudesocque, secrétaire local de la CGT Cheminots.
En ce neuvième jour de grève reconductible, les sourires sont las, mais les regards résolus. « Le gouvernement vacille, on sent qu’ils sont fébriles, donc en face on doit rester unis et motivés », appuie Christophe, syndiqué à Sud Rail. « On croit à la justice de notre combat, approuve Mikaël, professeur des écoles, venu soutenir ses camarades. [Emmanuel] Macron n’a aucune légitimité, il a été élu face à l’extrême droite, avec moins de 18 % de la population — ceux qui ont voté pour lui au premier tour — soutenant son projet. »
Alors que la réforme entre dans sa dernière ligne droite côté législatif — le texte sera présenté ce 16 mars à l’Assemblée nationale — les manifestants oscillent entre ténacité et résignation. « Ça fait plusieurs jours qu’on a cessé le travail, ça fait deux mois qu’on manifeste, c’est déjà beaucoup », estime Mikaël. À côté, une manifestante secoue la tête : « Le gouvernement reste sourd, il faut qu’on aille plus loin pour se faire entendre. »
D’un coup de marteau sur la bombarde, un mécanicien fait trembler les palmiers de la rue de Maguelone, en plein centre de Montpellier. Dans la petite foule réunie autour du piquet de grève, une dizaine d’électriciens et gaziers, eux aussi mobilisés depuis plusieurs jours. « Députés, sénateurs, entendez la colère dans le pays, crie Marc, syndiqué à la CGT Mines et énergie. Si vous votez cette réforme, ce sera une trahison… et le peuple a de la mémoire ! » Au mégaphone, une CGTiste à la voix éraillée par les semaines de manifs scande inlassablement : « On ne lâche rien, on reprend tout ! » Normalement utilisée lors des travaux sur les voies, la trompe…
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Auteur: Grégoire Souchay (Reporterre), Lorène Lavocat Reporterre