Retraites : LCI pulvérise le pluralisme

« Il y a déjà énormément, énormément de réactions et on va les commenter […] avec notre plateau ici : les analystes stars de LCI ! La dream team de l’analyse est avec nous ce soir ! » Tremblez ! Fidèle à son ADN, LCI a effectivement mis le paquet : Adrien Gindre, rédacteur en chef du service politique de TF1/LCI, Arlette Chabot et Jean-Michel Aphatie, qu’on ne présente plus, Pascal Perri, grand propagandiste par temps de réformes, et enfin Valérie Nataf, éditorialiste maison, elle aussi. Un plateau 100% éditocrates donc, chapeauté par Julien Arnaud. Au cours de l’émission, la rédaction opérera trois changements… pour que rien ne change :

  À 20h35, François Lenglet remplace Pascal Perri ;

-  À 20h55, Raymond Soubie fait son entrée, présenté comme « spécialiste des questions sociales » (nous y reviendrons…) ;

-  À 21h11, Maurice Szafran (éditorialiste à Challenges) et Damien Fleurot, chef adjoint du service politique TF1-LCI, relèvent respectivement Jean-Michel Aphatie et Adrien Gindre.

Dans ce parfait entre-soi, si de (très) maigres nuances se font jour sur le fond de la réforme, chacun l’accompagne poliment au nom de la défense de l’ordre établi. Une réforme injuste ? Passe encore. Mais face au « désordre » que préparent les opposants, l’éditocratie veut serrer les rangs.

Cette conversation mondaine d’une heure et cinquante-deux minutes piétine allègrement le pluralisme, pour au moins trois raisons. D’abord, parce que seules 17 minutes, soit un septième du temps total de l’émission, sont allouées à Philippe Martinez et Céline Verzeletti (CGT), Yvan Ricordeau (CFDT) et Éric Coquerel (La France insoumise) pour porter la contradiction. Ensuite, parce que ces derniers interviennent à tour de rôle en duplex, soit dans des conditions bien moins confortables que celles allouées aux commentateurs autorisés, empêchant notamment les premiers de réagir aux propos des seconds. Enfin, parce que non contents de détenir le monopole de la parole, les chiens de garde ne résistent pas à tancer leurs opposants pendant le peu de temps d’expression qui leur est imparti. Si Éric Coquerel en fait les frais – « Emmanuel Macron, il a été élu ! […] Est-ce que la démocratie n’a pas parlé au moment de la présidentielle ? » (Julien Arnaud) –, Philippe Martinez reste au centre du viseur collectif :

Adrien Gindre [à propos de la journée de mobilisation du 19 janvier] : Pourquoi si tôt ?! Pourquoi si vite ? Pourquoi avant le conseil des ministres ?…

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Auteur: Pauline Perrenot Acrimed