Retraites : les débats déséquilibrés de « C à vous »

Pendant un mois, et quoique de manière inégale, le projet de contre-réforme fut traité dans 21 éditions de « C à vous », déclinées comme suit :


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Un premier constat s’impose : comme la totalité des magazines d’actualité audiovisuels, « C à vous » est une émission de commentaire qui réserve ses micros à des « professionnels de la parole publique » : majoritairement des élus (anciens ou actuels) et des éditorialistes, suivis par les porte-parole et représentants syndicaux. En un mois, on ne compte que deux micro-sujets où purent s’exprimer des travailleurs : le 4 janvier, 26 secondes furent généreusement dédiées à la question de la pénibilité des métiers de l’automobile et le 24 janvier, 3 minutes et 30 secondes d’antenne furent accordées aux égoutiers de Paris, dont les journalistes filmèrent brièvement les conditions de travail avant de solliciter leur avis, plus brièvement encore, sur la contre-réforme des retraites. Ajoutons à cela, les jours de manifestations, deux séquences résiduelles de micro-trottoir : 50 secondes le 19 janvier et 1 minute 45 le 31 janvier, auxquelles s’ajoutent 40 secondes de prises de parole de lycéens. Pour le journalisme de terrain donc, on repassera.

Comme ailleurs dans l’audiovisuel, le format privilégie l’interview en plateau et le journalisme de commentaire. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que dans cette catégorie, « C à vous » a fait montre d’une conception toute particulière du pluralisme. Sur le papier, on compte 12 défenseurs de la réforme contre 9 opposants. Un décompte qui ne suffit pas à lui-même, toutefois, tant l’inégalité des conditions d’expression allouées aux différents intervenants est importante. À conditions égales (un « seul en plateau » d’une durée supérieure à dix minutes), les promoteurs de la contre-réforme des retraites sont deux fois plus représentés que leurs adversaires (6 contre 3). Parmi les premiers à disposer d’un dispositif favorable figurent les élus (Éric Ciotti, Olivier Véran, Aurore Bergé et Gabriel Attal), et les éditorialistes (Alain Duhamel et François Lenglet). À ce sujet, le service public n’a pas hésité à s’assurer (exclusivement) les services de journalistes favorables à la réforme des retraites et déjà omniprésents dans les médias privés : Alain Duhamel et François Lenglet – intervenant quotidiennement sur BFM-TV pour l’un, RTL et TF1 pour l’autre –, mais également deux…

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Auteur: Pauline Perrenot, Quentin Hurel Acrimed