Retraites, mobilisations : faut-il se préoccuper de l’acceptation sociale ?

La réforme des retraites a beau être adoptée, elle ne passe pas dans l’opinion publique. Grèves, manifestations, sondages et controverses en témoignent. Pour les éditorialistes, l’explication tient souvent en une formule : l’ « acceptation sociale » ! On retrouve ce même vocable dans la bouche de députés, à l’exemple des Républicains qui, à la veille du vote de la motion de censure contre le projet de loi sur les retraites, s’inquiétaient de « l’acceptabilité sociale de la réforme dans leur circonscription ». Le président, enfin, reconnaît que la réforme des retraites n’a pas été acceptée par les Français.

Après les mobilisations contre de grands projets inutiles et imposés, le mouvement des Gilets jaunes, la colère contre le 80 km/h et la controverse sur les mega-bassines, ce recours croissant, relâché et étendu à de nouvelles arènes publiques, rend la formule incontournable.

Un jugement collectif en dehors du cadre institutionnel

L’acceptation sociale exprime un jugement collectif qui se manifeste en dehors du cadre institutionnel formel ou de l’espace législatif. Il remplace d’autres notions : adhésion, assentiment, consentement ou réception. Dans le langage courant, son usage reste le plus souvent rhétorique, au mieux descriptif, et sans apport significatif à la compréhension de l’intervention publique, de sa réussite comme de son échec. Peut-on dépasser l’ambivalence de ce lexique et recourir aux termes d’acceptation et d’acceptabilité sociales pour mieux comprendre la réception de l’intervention publique ?

Cette question a du sens, parce que ce lexique fait partie du vocabulaire des sciences sociales. Un ouvrage tout juste publié et que j’ai coordonné en montre les usages et en discute l’utilité. Il le fait à partir de terrains d’études divers (les espaces naturels protégés, la transition énergétique, la taxe carbone, l’expression religieuse au…

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Auteur: Fabrice Hamelin, Enseignant-Chercheur en science politique, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)