Retraites : pour « faire bouger l'État », ils bloquent un chantier des JO

Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), reportage

« Personne n’entre, c’est la grève ! » Il est 6 h 30 du matin, mercredi 15 mars, lorsque les ouvriers découvrent avec surprise qu’ils ne peuvent pas accéder à leur lieu de travail — le chantier du Centre aquatique olympique, à Saint-Denis. La raison : l’appel de l’interprofessionnelle de Saint-Denis à bloquer les accès du site, pour protester contre la réforme des retraites.

Des petits groupes de personnes, emmitouflés sous des manteaux épais et des grosses écharpes, restent postés devant les grilles du chantier pour empêcher quiconque d’entrer. « Ah, bon bah tant pis ! » s’esclaffe un ouvrier, avant de rebrousser chemin. « On n’est pas contre leur travail, on est contre la réforme des retraites », insiste Arthur, ouvrier agricole et membre de l’interprofessionnelle.

« L’État demande aux gens de se sacrifier au travail parce qu’on manquerait d’argent pour financer notre système de retraites. Et à côté de ça, il dépense des millions d’euros pour l’organisation des Jeux olympiques ! Donc on bloque ce chantier qui coûte énormément d’argent [près de 175 millions d’euros]  », résume Florine, une enseignante venue participer à l’action. En tout, d’après l’interprofessionnelle, près de 150 personnes ont répondu à l’appel.

« Je sais que mes élèves et les habitants de Seine-Saint-Denis ne vont pas bénéficier des Jeux. Ils n’ont pas été pensés pour faire profiter les habitants », témoigne Morgane, professeure d’EPS. Plusieurs collectifs dénoncent en effet des prix de billets trop élevés et des infrastructures sportives inadaptées, qui rapportent seulement de l’argent à quelques promoteurs.

« On passe à des actions plus radicales pour être entendus »

Alors que le jour se lève peu à peu, les ouvriers, reconnaissables pour la plupart à leur veste orange fluo, sont de plus en plus nombreux à patienter ensemble, à l’écart des grilles d’entrée. Certains, l’air blasé, fument une cigarette en attendant que leur chef les appelle et leur indique la marche à suivre.

D’autres tentent d’échanger avec les occupants du site. « Je ne comprends pas du tout ce qui se passe », confie en anglais Robert, un travailleur originaire de Roumanie. Un bloqueur lui explique alors en quelques mots la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron. « Ah, c’est vrai que ce n’est pas normal de demander de travailler plus longtemps », affirme ensuite l’ouvrier. « Le gouvernement insulte les gens du BTP — un secteur aux conditions de travail très difficiles — en leur demandant de bosser jusqu’à 64 ans », estime aussi Arthur.

Pendant ce temps, une fanfare joue quelques…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Justine Guitton-Boussion, NnoMan Cadoret Reporterre