Retraites : « Tant qu'on reste mobilisés, on peut gagner »

Youlie Yamamoto est activiste, porte-parole d’Attac et cofondatrice du collectif des Rosies.


Reporterre — Cette semaine, on entre dans la dernière ligne droite de la réforme des retraites. Le gouvernement se dit déterminé à aller jusqu’au bout. La mobilisation sociale peut-elle encore le faire reculer ?

Youlie Yamamoto — J’y crois. Je suis une éternelle optimiste mais j’ai aussi suffisamment d’expérience militante pour constater que nous vivons un mouvement social historique. Je ressens dans les cortèges une sorte de pouvoir populaire puissant.

Après les Gilets jaunes, la pandémie, l’inflation… les gens sont au bout du bout. Cette réforme des retraites, c’est le truc de trop. C’est aussi le combat ultime : si on laisse passer cette réforme, on ouvre un boulevard à Macron pour qu’il casse tout notre modèle social. Il s’agit de reprendre en main notre destin, de redonner du sens à notre travail, de refuser la société productiviste qu’on veut nous imposer. Les gens l’ont compris. D’où cette mobilisation massive. Tous les signaux sont au vert pour gagner !

Le gouvernement entend dérouler son calendrier, il espère que la commission mixte paritaire va clore le mouvement social. Mais il n’impressionne personne ; nous sommes déjà en train d’organiser la suite. On a des précédents — comme le cas du CPE [Le contrat première embauche avait été abrogé après la promulgation de la loi] — où les dirigeants ont fini par reculer, même après l’adoption de la mesure. Mai 68 avait commencé en mars, il faut du temps pour qu’une indignation collective se transforme en mobilisation massive et en grève générale. Il faut être tenace.



En janvier, tous les ingrédients semblaient réunis pour une lutte victorieuse : beaucoup de monde dans les rues, des syndicats unis, une large majorité de Français opposée à la réforme, un gouvernement ne disposant pas d’une majorité absolue… Et pourtant, pour le moment, rien n’y fait. Qu’est-ce qui manque ?

Il ne manque rien. Mais il faut tenir la distance. Tant que les gens restent mobilisés, on peut gagner. C’est normal que ça prenne du temps. Regardez déjà ce qu’on a fait : partout dans les régions, on a des villes à l’arrêt les jours de manifestation, les flux sont bloqués — transports, raffineries… On est capable de l’emporter parce qu’on a la force des gens.

Maintenant, il faut consolider la mise à l’arrêt du pays, notamment en soutenant les caisses de grève, qui permettent à celles et ceux qui se mobilisent de tenir dans la durée. Les femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles, qui ont mené 22 mois de grève victorieuse, ont pu tenir aussi grâce aux caisses de solidarité.



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Auteur: Lorène Lavocat Reporterre