La ville de Bordeaux, d’habitude assez discrète, a dernièrement beaucoup fait parler d’elle. On pouvait lire dans les journaux nationaux et régionaux des titres comme : « À Bordeaux, une campagne contre les Parisiens prend de l’ampleur », « une ambiance anti-Parisiens depuis l’ouverture du TGV », « « Parisien rentre chez toi » : pourquoi tant de haine à Bordeaux ? » La presse est assez unanime : il existerait un conflit entre des bordelais xénophobes et des parisiens en demande d’asile. En peu de temps, les journalistes vont mêler « lutte des classes » et « xénophobie », « chauvinisme », « lutte contre la gentrification » et « ultra-gauche » au point qu’il est difficile d’y voir clair dans tout cet imbroglio. Des bordelais ont tenté, pour Lundi Matin, de clarifier la situation.
« C’est pas moi je quitte le quartier, c’est le quartier qui me quitte… »
Baboo
Commençons par poser le décor : l’intrigue se passe à Saint-Michel, dernier quartier populaire du centre ville bordelais. Depuis quelques années, celui-ci connaît de profonds bouleversements, sous couvert de « mixité sociale », de « rénovation » et de « sécurisation » c’est toute la population qui est évacuée et remplacée par des personnes plus aisées. C’est un processus lent, polymorphe, difficile à cerner et donc à contrer. L’attrait touristique et immobilier des dernières vacances d’été a montré avec une évidence rare les mutations du quartier. Les terrasses pullulent, les Airbnb aussi, le prix du m² et des consommations explose.
Tout ceci s’articule à un vaste projet de transformation urbaine du sud de la ville : Bordeaux-Euratlantique prépare « Bordeaux 2030 ». Un projet qui engage l’aménagement de près de 800 hectares autour de la gare Saint-Jean et de la nouvelle LGV, pour créer des logements, des sièges sociaux et un immense centre d’affaires. Saint-Michel a une importance…
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