Révélations – L’affaire Ibni : un crime en Françafrique

Les canons se sont tus. Les hélicoptères ne décollent plus. Mais la peur plane encore sur Ndjamena, la capitale tchadienne. Isha, la dernière prière du soir, vient de retentir. L’harmattan s’est levé. Il souffle en désordre, par petites touches impressionnistes. Le sable a emporté les invocations du muezzin. Le dernier des fils d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, Samir, est rentré se barricader. Toute l’après-midi, l’adolescent a bravé le danger. Il a fait le pied de grue devant la maison familiale. À quatorze ans, on est curieux de tout, même de la guerre. Mais les combats se sont éloignés. Les rebelles se sont repliés. À présent, c’est au tour des forces loyalistes de sillonner les rues désertes et la latérite défoncée. 

Au Tchad, les armées passent, les armes restent. Samir a remarqué un pick-up kaki. Il est passé et repassé devant leur portail. Le passager dans la cabine a écarté son chèche, et l’a longuement dévisagé. Plus tard, le gamin saura. Adam Souleymane Touba, le neveu du président Idriss Deby, est venu repérer les lieux. Il a fait place nette pour la mort. Et à dix-neuf heures vingt pétantes, elle est entrée au domicile de celui que tout le monde appelle Ibni. Douze ans après cette nuit terrible du 3 février 2008, Samir est devenu un colosse. Mais sa voix flanche et ses épaules tremblent quand il parle du commando venu arrêter son père, amchi, amchi, avance !, ont aboyé les chiens de guerre en bousculant Ibni vers leur pickup. Les lunettes de l’opposant ont valdingué dans la poussière, tout près de son fils. Samir a quatorze ans, et c’est la vie de son père qui vient de tomber à ses pieds.

« Une véritable haine »

Certains hommes portent leur pays dans les yeux. Ibni est l’un d’eux. Il naît à l’est du Tchad en 1949, dans une région qui a farouchement résisté à la colonisation française. Très tôt, il attrape le virus des maths – comme deux autres grands révolutionnaires, Mehdi…

Auteur: Le Média
La suite est à lire sur: www.lemediatv.fr