Revenir les mains vides

Liberté : c’est un mot et un champ idéologique d’histoires qui se vomissent à force d’usages et d’idéaux, un vieux couteau au fond du tiroir dont on ne sait trop quoi faire entre tenter de l’aiguiser encore une fois ou en refaire fondre le métal pour lui donner une autre forme, au risque de se retrouver avec une lame à peine bonne à couper du beurre dans les deux cas.

Une liberté dont l’opposé conceptuel et pratique est l’entrave ne peut, par nécessité, exister sans lui ; les être libérés définis comme non entravés dépendent pour leur existence d’êtres entravés, que la liberté des premiers entrave en retour.

Wendy Brown, Politiques du stigmate, 2016

Liberté : c’est un mot et un champ idéologique d’histoires qui se vomissent à force d’usages et d’idéaux, un vieux couteau au fond du tiroir dont on ne sait trop quoi faire entre tenter de l’aiguiser encore une fois ou en refaire fondre le métal pour lui donner une autre forme, au risque de se retrouver avec une lame à peine bonne à couper du beurre dans les deux cas. “Personne ne sera libre tant que tout le monde ne sera pas libre” résument ces dernières années les multitudes de luttes décoloniales, trans-féministes et anti-capitalistes, où les systèmes d’exploitations économiques et de coercitions politiques sont pensées comme des articulations globales et des interdépendances collectives. Dont les situations singulières semblent vouées aux mêmes reproductions socio-culturelles pour conserver les divers pouvoirs institutionnels et étatiques, et les intérêts confortables d’une minorité d’élites bien installées dans leurs tours d’ivoires locales et internationales.

Dans cette optique on peut saisir en hypothèse avec Wendy Brown que les privilèges de ces minorités dépendent alors des oppressions du reste des populations, que cette “liberté” définie a priori comme puissance d’agir, de choisir impunément son existence, implique forcément, inévitablement la non-liberté d’autres personnes qui en permettent les conditions. Se pose alors la question de ces différentes interdépendances de puissances et d’impuissances, de leurs entrelacements et de nos possibilités à l’intérieur de ces étaux : ce tout le monde sera-t-il vraiment libre ou bien comment envisager des formes de résistances aux oppressions politico-économiques où l’opposé du libre n’est pas le non-libre ? Comment pouvons-nous ainsi définir cette liberté qui est inévitablement contraintes et en discerner les actuels…

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Auteur: dev