Rêver en matérialistes internationalistes

Ce texte, rédigé par cinq membres de la rédaction de Contretemps, est une réponse critique à l’intervention d’Houria Bouteldja « Rêver ensemble. Pour un patriotisme internationaliste ». Si, contrairement à d’autres textes de réponse, nous ne pensons pas qu’il faut disqualifier son autrice (et encore moins la diaboliser comme certain·es n’ont pas manqué de le faire), nous pensons que ce texte mérite d’être débattu largement, d’autant qu’il fait écho à des tendances lourdes qui traversent les gauches aujourd’hui, en temps de montée en force des nationalismes autoritaires. Selon nous, le texte d’Houria Bouteldja s’appuie sur des constats erronés, et les idées et propositions qu’il défend vont à rebours des luttes d’émancipation.

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Nous commencerons par une affirmation : eh bien oui, nous rêvons et désirons ! Nous rêvons d’émancipation et nous désirons l’égalité (individuelle, collective, entre les peuples).

Et nous sommes de gauche, d’une gauche radicale et révolutionnaire même. Et ce qui doit nous tarauder aujourd’hui n’est pas de changer de rêve et de désir. Certainement pas en tout cas d’aller braconner du côté de ceux du camp opposé au nôtre, en affirmant que « seule l’extrême droite rêve »

Une politique des affects ?

On peut s’intéresser à juste titre aux affects en politique, et en particulier aux « affects des masses » pour suivre le fil tendu par le psychanalyste marxiste Wilhelm Reich, que Houria Bouteldja cite comme référence. Certes, mais pour quoi faire ? Pas nécessairement pour les épouser de manière acritique, mais pour aider à ce que les idées et les luttes pour l’émancipation ne soient pas impuissantes, soient des forces matérielles massives et non les fantasmes de quelques-un·es. Pas pour justifier des stratégies qui historiquement, qu’on le veuille ou non, viennent le plus souvent de l’extrême-droite.

Il…

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Auteur: redaction