Reynerie, un quartier maltraité

Y’avait 270 foyers ici, y’en a que 16 qui s’opposent, ce ne sont pas les 16 qui vont faire la loi. (…) Je suis mandaté pour que les institutions mènent à bien leur projet parce que c’est le mandat populaire que nous avons reçu par le vote. Tant que nous sommes en démocratie ce sera comme ça.

J-L Moudenc, 23 mars 2022

Le quartier monte au ciel, massif, tout en béton. Ses plaies sont visibles, des chantiers ouverts, des appartements fermés, et ses habitant·es progressivement poussé·es dehors. « Dans 20 ans ce sera la Reyne-elle-pleure, on sera plus là, ce ne sera plus le même décor ». Pour comprendre ce qui se joue aujourd’hui, il faut remettre le quartier dans sa courte histoire.

Reynerie est l’un des trois quartiers historiques du « projet Mirail » avec Bellefontaine et Mirail-Université. Au départ, il y a un maire « bâtisseur » et la croissance de la ville est dopée par la politique dite des « métropoles d’équilibre » qui doit pallier la disproportion entre Paris et le reste de la France. Ce sont les années 60, la modernité est synonyme de béton et il faut loger les masses. Entre autres projets, l’idée d’une « ville nouvelle » de 25 000 logements et 100 000 habitant·es est dans les cartons. Elle doit s’étendre sur plus de 200 hectares. Louis Bazerque, le maire de service, l’appelle « Ville Miroir », celle-ci devant renvoyer une image de modernité à la ville ancienne. Et en proportion c’est effectivement presque l’équivalent de la ville historique, mais avec une réflexion d’ensemble qui est censée produire l’harmonie.

Le Mirail : bâtir la vie

Des architectes audacieux et utopiques remportent le concours : Candilis, Josic et Woods. « Nous avons essayé de faire un quartier de Toulouse, ni grand ensemble, ni ville nouvelle » affirme le premier en 1970. Le Mirail ne doit pas être une banlieue, mais un vrai centre. Les concepteurs affichent une préoccupation humaniste : la dalle et les coursives en sont l’expression architecturale. La dalle permet en effet une circulation piétonne dans l’ensemble du quartier et les coursives installent des rues aux 5ème et 9ème étages. Il s’agit en quelque sorte de réinventer la rue en la délivrant de l’emprise de l’automobile, pour lui redonner sa fonction de lien et d’espace de rencontre. Les appartements ne sont pas en reste, traversants, ils sont spacieux, lumineux et aérés.

Enfin, les quartiers peuvent bénéficier de nombreux espaces verts, d’un parc avec un lac (à Reynerie justement), des…

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Auteur: IAATA